Lou Sanders
Elle est la fille improbable d’Obama et de Carla Bruni. Métisse à la peau assez claire, elle a le teint d’un cappuccino saupoudré de cacao, pris sur la terrasse du Café de Flore, un matin d’été. Ses cheveux souples tombent en longues mèches brunes. Elle a de grands yeux vert d’eau qui pétillent d’autant d’intelligence que d’humour. Quand Lou regarde un homme, il perd rapidement ses moyens. Pourvu qu’elle insiste, il lui offre la lune. Cette femme-là a du chien même au réveil après une nuit d’avion.
Ses jambes, longues et athlétiques, ont la finesse et la grâce des pattes de gazelles. Galbées dans ses La Perla diaphanes, chaussées de Mauboutin aux talons vertigineux, elles font pâlir les plus célèbres top modèles. Elle ne marche pas, elle glisse. Son pas chaloupé la conduit n’importe où, des plages exubérantes du Costa Rica aux couloirs surannés de l’Élysée, avec la discrétion du chat. Son 38B s’accommode parfaitement de sous-vêtements de dentelle. Ses seins sont fiers et fermes, le mamelon tendu au moindre courant d’air de plaisir. Elle aime quand un homme les pince avec une pointe de fermeté et rugit de contentement quand il les embrasse goulûment.
Elle est née dans les années 80 et porte une trentaine avertie, sevrée de tous ses dangers. Elle a vu le jour dans un hôpital pauvre et sale d’Afghanistan, où sa mère, coopérante militante, parcourait la steppe à cheval de village en village, pour aider les femmes au quotidien plus que précaire, à arrêter de mourir en couches à cause de l’insalubrité et des ragôts colportés par les religieux locaux.
Si elle apprécie les courbes racées des puissantes berlines, son intérêt pour les voitures tient dans leur seule capacité à la déplacer d’un point A vers un point B. Elle a plutôt peur en avion, appréhension qu’elle apprivoise grâce à sa longue pratique du yoga et de la méditation. Spécialiste en arts martiaux, elle s’est récemment initiée au Krav Maga, une technique d’autodéfense élue par le Mossad pour sa redoutable efficacité. Malgré tous les précieux attributs qui lui ont permis de gravir les échelons de la très stricte hiérarchie du contre-espionnage, Lou Sanders se distingue aussi pour des colères telluriques qui l’emportent quand elle se sent menacée. Mais bon, on ne peut pas avoir toutes les qualités!
Elle savoure le vin, le très bon vin. Elle a usé les bancs des cours d’œnologie et maintenant que sa réputation la précède, elle n’hésite pas à demander qu’une caisse de grands crus soit disponible dans chacune des chambres qui l’accueille. Elle adore manger, surtout des plats qui explosent de saveurs. Elle préfère largement à n’importe quel dessert, une longue tranche de baguette au levain sortie du four, parsemée de beurre salé, couverte de crottin de chavignol, sur lequel elle égrène des billes de vinaigre balsamique. Quoiqu’elle ne lève quand même pas le nez sur un macaron à la fleur d’oranger.
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Chute de neige sur le Nord
Tout est beaucoup trop calme dans cette cabane au Canada où Lou Sanders a décidé de venir s’initier à la chasse à l’ours. Ses patrons l’ont mise au repos après une mission particulièrement périlleuse dans un Moyen-Orient en ébullition. Elle se plaît à regarder le ciel d’un bleu limpide, simplement zébré du vol des Bernaches en partance vers le Sud. L’automne est relativement doux, même si chaque matin, l’herbe est invariablement blanchie par la gelée. Elle est arrivée dans ce bout du monde frileux avec son ami Paul Leblanc, cavalier émérite rencontré intimement au lendemain du rabattage de mustangs sauvages en Arizona. Alors qu’elle applique consciencieusement du vernis à ongles Chanel sur ses orteils, un ronronnement la tire de sa rêverie. À basse altitude, un bimoteur sortit de nulle part survole soudain la zone reculée. Il n’a pas de flotteurs, il n’amerrira donc pas. Lou le guette du coin de l’œil, surveillant de l’autre le vernis qui sèche. Soudain, elle entend des cris… Puis, distingue clairement le bruit d’une chute dans l’eau, avant d’apercevoir le petit avion s’éloigner. Étonnée plus qu’inquiétée par cette attraction inattendue, Lou maintenant frissonnante, rentre dans la pourvoirie pour retrouver avec appétit le repas et le corps de son amant Québécois.
Pendant la nuit, alors que Lou et Paul ravivent avec fougue le souvenir de leurs ébats, un essaim de quads vrille le silence environnant. Habillés en un clin d’œil, les amants sortent dans l’obscurité totale et partent en direction de puissantes lumières qui éclairent la nuit. Dissimulés dans une cabane de chasseurs perchée dans les branches, ils découvrent une vingtaine d’hommes qui récupèrent d’encombrants ballots pour les tirer jusqu’au rivage. Des moteurs actionnent une génératrice. Les lourdes vestes de cuir identifiées du logo d’une locale maffieuse arborent des casquettes vissées à l’envers et un arsenal d’armes d’assaut.
Bien qu’officiellement en vacances, de retour à Montréal – réflexe professionnel oblige – Lou décide de tirer les choses au clair. Paul lui présente Vincent Lacoursière, un journaliste qui tourne depuis longtemps autour du crime organisé et des maffias. Tous les deux, ils vont commencer à rencontrer un paquet d’avocats, publicitaires, artistes branchés, et autres politiciens souvent influents. D’une question à l’autre, leur hypothèse prend forme, quand Lou se fait attaquer devant un club bien connu des milieux interlopes.
Laissée pour morte sans que le videur ait levé un pouce, la sublime métisse se retrouve à l’hôpital. Si l’un des deux policiers qui viennent l’interroger, est subjugué par les courbes du sein qui dépasse de la jaquette bleu pâle, l’autre ne s’intéresse qu’aux 10 grammes de cocaïne et à la pile de documents en cyrillique retrouvés dans son sac. Il l’accuse officiellement de possession de drogue et demande son arrestation immédiate.
Menacée de mort et d’emprisonnement, Lou ne voit d’autre solution que mener son enquête par elle-même. Avec l’aide de Paul et de Vincent, elle s’enfuit de l’hôpital pour retourner à la pourvoirie. Cette fois, ils n’utiliseront pas l’hydravion trop facilement repérable et lui préfèreront le quad. Une fois arrivés sur les lieux, un comité d’accueil les attend. Ligotés et bâillonnés, ils réfléchissent aux moyens de fausser compagnie à leurs gardiens quand ils remarquent les regards libidineux que l’un d’entre eux jette sur l’agent secret. Lou n’hésite pas un instant, elle s’arque dans une position aguichante laissant supposer de sa disponibilité. La suggestion érotique se transforme en guet-apens qui conduit les trois otages vers la sortie.
Rapidement poursuivis, ils s’enfuient en courant dans la forêt, mais pour être rattrapés peu de temps après. Ils sont emmenés au bar de la taverne du plus proche village, où les conversations s’arrêtent à leur entrée pour reprendre… en russe. Ils serviront de monnaie d’échange entre les Hell’s Angels qui les tiennent, leurs copains slaves qui font rarement dans la dentelle et le clan sicilien qui règne sur la ville.
Plus elle avance dans ses recherches, plus Lou mesure la hauteur du mur devant elle. Diplomates corrompus, politiciens véreux, services secrets, maffias locales et étrangères, sont tous mêlés de près ou de loin au juteux trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du sud et utilisent le Québec comme terrain de jeu.
Pour sortir de l’impasse, la longue métisse devra fait preuve de vigilance. Autour d’elle, l’étau se resserre. Recherchée par la police, harcelée par les gangs maffieux, elle devra s’assurer de la fidélité de ses complices et agir vite pour démanteler ce réseau de trafiquants qu’elle devine de plus en plus gros. Quand Vincent Lacoursière se fait lâchement abattre à bout portant en plein centre-ville, elle n’hésite plus un instant, elle passe en mode « action ».
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Concours WeLoveWords, SAS en rose, Faites l’amour et la guerre.
Deux des quatre textes présentés au concours d’écriture WeLoveWords le 8 mai 2011. À l’occasion de la Journée de la femme, les Éditions J’ai Lu ont lancé un concours pour revamper l’image désuète de Malko Linge, le personnage créé par Gérard de Villiers en 1956 et qui compte 186 aventures à ce jour.
Bien que l’agent secret soit insubmersible et inoxydable, disons que la CIA l’a viré. Pour le remplacer par une femme. Ici, Son Altesse est une femme, et elle est Sexyssime. Repeignez SAS en rose, montrez le pouvoir et les dessous d’une héroïne.
Écrire pour ce concours m’a beaucoup amusé. Les participants devaient fournir la description du personnage, un synopsis, une scène d’action et une scène érotique. Je remercie mon ami E. pour toutes les idées délirantes qu’il m’a suggéré.
Le 1 juin, 5 semi-finalistes parmi les 89 auteurs ayant envoyé un texte, seront sélectionnés pour écrire 20000 caractères de plus avant le 2 septembre. Le lendemain, l’auteur gagnant sera annoncé (tiens, étonnant comme timing). Le 3 décembre, le manuscrit devra être complété. Allez, on croise les doigts.