Nos échangistes sont incroyables. Non seulement ils sont gentils – forcément beaux et intelligents, ça va de soi !!! – mais ils nous ont organisé un comité d’accueil exceptionnel.
Tout a commencé quand Pascale, la blonde, est venue nous rencontrer moins d’une demie heure après notre arrivée dans la maison. Joyeuse, chaleureuse, elle nous est tout de suite apparue très sympathique. Et aussi sec, elle nous invité à venir souper/dîner la semaine suivante. Comme si c’était prévu dans un livre, nous l’avons croisé au marché le lendemain matin et même au concours hippique l’après-midi. Forcément, elle est journaliste au Républicain – l’hebdo local – et se balade un peu partout.
Le mardi suivant, rendez-vous donc dans la maison de rêve de Pascale. Son mari Jean est architecte. La ferme dans laquelle ils habitent se transmet de génération en génération dans sa famille à lui – je reviendrai un jour sur les pâtés délirants que sa mère confectionne. Sauf que l’intérieur a été entièrement refait dans un style ultra contemporain, tendance magazine Dwell (ou Architecture à vivre). Du blanc, de l’anthracite, du fushia sur les murs, une longue table de salle à manger en madrier peint couleur crème. Juste au dessus, cinq luminaires baroques à souhait (un esprit marocain flotte dans plusieurs éléments de déco) ornent le plafond. Une salle de bain avec des blocs de verre transparent ponctués d’un bloc rouge de-ci de-là. Quelques micro carreaux de carrelage miroir disséminés au milieu de l’ensemble blanc. Une ligne de lumière au sol, façon guirlande. L’escalier de l’étage et la cheminée sont d’origine. Deux autres éléments étonnants: la spectaculaire porte/mur de verre dans l’esprit d’une porte de garage. Je n’en reviens pas encore. Et le faux tapis-plancher. Pour créer une rupture dans le plancher de béton poli, les propriétaires ont eu l’idée de mettre, sous l’immense table de salle à manger – un insert de bois franc. L’impression « tapis » est parfaitement réussie et donne une certaine chaleur au plancher, pourtant chauffant.
Chez nos voisins, ce soir là, deux autres couple nous accueillaient. Joël et Isabelle, accompagnés de Léa et Arthur – qui seront dans les écoles et classes respectives de nos enfants – et AnneSo et Alain dont les petits étaient encore chez les grands-parents. Ces couples ayant une particularité: les deux viennent de Lille dans le Nôôôrd (à prononcer avec l’accent de Galabru dans le film Bienvenue chez les Chti’s). Ouais, ma ville d’ado, là où mes potes m’attendent, à quelques 900 km. Ils ont troqué la pluie et le froid pour la campagne girondine et un changement radical de mode de vie. L’un pompier, l’autre vendeur de piscines, la troisième créatrice et professeur de dessin… Seule Isabelle a conservé son métier de directrice d’école.
C’est aussi ça un changement de lieu: on arrive quelque part, tout neuf. Détaché – si on le désire – du passé, des codes sociaux de notre ville d’origine, de notre famille, de nos amis. On arrive, personne ne nous connaît, on peut se permettre toutes les folies, on peut accomplir nos rêves. « Moi, je fais enfin ce que j’aime » m’explique AnneSo. Elle avait un boulot de secrétaire qui ne la réjouissait pas. Depuis six ans, elle est heureuse à faire ses toiles, les vendre, enseigner la peinture aux enfants l’été. « Ce que je fais m’épanouis parfaitement » conclue-t-elle. Elle n’aurait pas pu avant, parce qu’elle avait un emploi qu’elle n’osait quitter, un salaire nécessaire, etc.
Je ne connais pas encore vraiment l’histoire de Joel et Isabelle, mais il semble que leur changement ait aussi été radical. Est-ce cette mise en abîme qui donne aux gens une ouverture d’esprit et une capacité d’accueil aussi généreuse? Est-ce seulement une question de personnalité? Est-ce culturel? Les gens du Nord, comme les Québécois, sont réputés pour leur fidélité et la force de leur engagement une fois qu’on a brisé les quelques abords plus frileux. Mais là, tout le monde est chaleureux. Quelle chance nous avons.
********
Alain me dira combien pour lui, passer du nord au sud, de sa ville native à celle d’adoption a été difficile. Notre cheminement – changer de continent! – lui paraissait insurmontable. Alain est coach sportif pour les pompiers. C’est lui qui nous a amené jogger (8 km) sur les bords de la rivière sur la piste qu’empruntent les coureurs du Raid du Ciron (14 km). « Vous aviez l’air en forme » nous dira-t-il après coup, regardant ma petite mine, mon genou ballant et mon sourire un peu… décalé. Punaise, tu parles d’une mise en jambes.