une année en Gironde – 20 Cap Ferret

Notre coup de coeur. On doit être un peu snob, mais le Cap Ferret à la fin de la saison, c’est … c’est… l’amour, rien de moins.

Le Cap Ferret est à la côte Ouest ce que Saint-Tropez est à la Méditerranée: un lieu naturellement magnifique, à l’élégance apparente, au charme redoutable, réservé à l’élite blindée de tunes. Tandis que l’ancien village du Sud-est est devenu le repère « bling bling » des acteurs sur le retour, musiciens déchus, mannequins américains en quête d’un yacht accueillant et autres politiciens en manque de pub, la péninsule du Bassin d’Arcachon transpire la distinction, le charme discret de la bourgeoisie.

Planté à une toute petite heure de Bordeaux, la riche capitale de l’Ouest de la France paraît-il appelée aujourd’hui la « petite Paris », le Cap Ferret se planque à l’extrémité nord du Bassin d’Arcachon, l’autre ville de villégiature des Girondins en congé. Laissant les supermarchés et autres golfs miniatures à l’entrée de Lège, le Cap se démarque par ses résidences qui ponctuent l’unique route pour s’y rendre. J’ose à peine imaginer à quoi ça ressemble un beau week-end d’été. Des embouteillages à dégoûter le meilleur afficionado.

Nous y sommes allés une fin de semaine où du mauvais temps était annoncé; Juste avant la rentrée des classes. Une ambiance fin d’été traînait dans l’air et nous a permis de trouver, grâce à la référence de mon amie S., une chambre à l’Hôtel du Cap tenu par le charmant Yatzeck. À peine arrivés, entre les gros nuages menaçant d’orage, nous sommes partis vers la plage. Comme toutes les plages du coin, l’accès principal est noir de monde, mais il suffit de s’éloigner un peu – ici par le chemin qui longe l’arrière de la dune – pour arriver sur un site presque vide. Surprise, l’eau n’est pas froide. Même moi, la frileuse Pascale, je me suis baignée. Le chien s’est éclaté dans les vagues en quête permanente de son bâton. Cette bête est complètement obsédée: une balle, un frisbee, un bout de bois, n’importe quoi qu’il puisse rapporter fait son bonheur… pendant des heures. Les surfeurs surfent, les rares touristes bronzent sur le sable blond.

Des blockhaus ponctuent le rivage. Ils sont couverts de graffiti qui les actualisent et leur rendent une réalité contemporaine. Une réappropriation de l’histoire par les jeunes. À marée haute, ils émergent en partie. Étonnant.

Après deux heures qu’on a eu l’impression de voler aux mentors de la météo, nous sommes partis manger. Yatseck nous avait suggérer le Bouchon du Cap Ferret. Qu’à cela ne tienne, nous y sommes partis, en voiture. Mine de rien, pas sûr que nous aurions marcher une vingtaine de minutes avec les enfants crevés après le repas. la fin de soirée nous a prouvé que nous avions eu raison sur ce coup-là. Pourquoi se casser la tête?

L’accueil plus que froid, à notre arrivée, s’est dégelée en même temps que notre serveur Jules sortait de sa léthargie. Installés sur la terrasse – seules places restantes disponibles sans réservation à 18h30 – nous avons rapidement compté les voitures de luxe (à un moment donné, il y avait 5/8 Audi dans le stationnement/parking à côté) et différents vieux 4X4 (visiblement, c’est un must au Cap Ferret: il faut avoir un vieux Jeep, un Toyota ou un Land Rover, si possible gros voire très gros, si possible sale, surtout vieux, diesel et bruyant genre je baroude depuis toujours mais je suis vachement cool comme quinqua). Les vrais cool ont eux une Méhari – fantasme absolu de mon mari – blanc crème ou mieux, orange. Ils portent une vareuse ou un pull marin à trous, et des Converse ou des espadrilles trouées.

Oui, parce que le quinqua est roi ici. Il a l’âge de son portefeuille boursier. Il porte un polo Lacoste vert tendre ou mieux, une chemise Tommy Hillfiger vieux rose passé. Il arbore un short crème à larges poches plaquées et, bien sûr, des chaussures bateaux. À mon avis, Fred Perry fait 50% de ses ventes dans le coin. Sa femme est blonde méchée, mince, bijoutée doré, chemise blanche en lin sur pantalon crème. Elle a élevée ses 4 ou 5 enfants…blonds, et profite de leur passage à l’université de Boston ou de Los Angeles, pour passer ses week-ends en amoureux avec mari… ou amant. À 20h, le quinqua passe prendre d’énormes plateaux d’huîtres en face de notre resto, dans la section « all you can huîtres ». Il les pose à l’arrière du gros vieux 4X4 et part s’enfiler des litres de blanc tout en restant en contrôle de la situation.

Pendant qu’ils nous balancent des tonnes de gaz à effet de serres dans les naseaux, nous regardons le coucher de soleil sur la dune du Pyla, juste de l’autre côté du Bassin. Les voiliers dodelinent lentement dans l’eau. Le soleil s’éteint, l’orage reste menaçant. La lumière exalte les contrastes.

*****

Le lendemain, il pleut, non il mouillasse. Évidemment, ça ne nous empêche pas d’aller courir. Nous partons très « hop la vie » vers les dunes pour suivre le chemin qui les longe. Magnifique, formidable, agréable, il n’y a pas de qualificatif suffisant pour exprimer notre sincère joie. Jusqu’au bout. C’est à dire, au bout du Cap. Là, il n’y a plus de chemin. Nous partons donc vers la plage pour effectuer un parcours sur les limites du rivage. Et bien… 2 km dans le sable mouillé, c’est dur sur les jambes. Après nous être bien éclatés, nous avons ramés comme des bons pour retourner à l’Hôtel. Au total, pas loin de 12 km… on visait 8.

Et là, nous avons eu la bonne idée de louer des vélos. Notre fille et moi avons eu notre propre vélo, tandis que Fred prenait un modèle avec bac en avant: notre fils et le chien allaient pouvoir se promener relax.

Direction L’Herbe, le lieu-dit d’à côté, célèbre pour ses cabanes d’ostréiculteurs tout en couleurs joyeuses, l’Hôtel de la plage et les soeurs Magne qui viennent de le revendre après des décennies de succès, les terrasses près de la plage et des bateaux où l’on vient déguster des huîtres et juste des huîtres en sirotant du blanc sec, en disant des conneries seul ou en groupe, en regardant l’homme de sa vie – même si c’est pas vraiment l’officiel – droit dans les yeux, en se disant que la vie est douce.

Apparté. Je n’aime pas les huîtres. Enfin, ce sont elles qui ne m’apprécient guère. Enfant, je ne les digéraient pas, surtout dans les contextes de stress familial intense. Adulte, j’ai eu une crise: à l’île d’Oléron, je me suis jetée sur les mollusques gluants pour les dévorer avec avidité. J’ai adoré pendant quelques années. Il fallait qu’elles soient belles, dodues, parfumées. Puis, un jour d’orgie j’ai frappé un mur d’angoisse maternelle. Les huîtres n’ont pas accepté. Elles m’ont abandonné, me révélant une éventuelle intolérance. Depuis, je les regarde avec une indifférence feinte. Reste qu’au Cap Ferret, à L’Herbe en particulier, je souffre. Quand on n’est pas huîtrivore, il reste la brochette de 6 crevettes et le petit pot de pâté, sans franche particularité.

À L’Herbe, une bicoque de 20 m2 se vend 1 million d’euros. Ouais. Pourtant, normalement, elles ne se transmettent que d’ostréiculteur en ostréiculteur. Les règlements qui se sont suivis et enchaînés depuis vingt ans, ont fait de ce lieu autrefois quasi abandonné, un paradis BObo. J’assume. J’aimerais vachement avoir accès à une de ces bicoques. Elles sont jolies comme tout, aujourd’hui équipées d’un confort plus… substantiel. Voilà c’est avoué. Mais étrangement, je n’ai pas un million d’euros sous la main… Dommage ;0

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