À côté de chez nous coule une rivière: le Ciron. Très joli. Bucolique à souhait. Le chien s’y baigne – et y attrape des tiques – nous y courons, un raid s’y tient chaque année (en mai: 10km de càp, 20km de vtt, 9km de canoë). Affluent de la Garonne, sur près de 100 km, il traverse 38 communes, dont la nôtre.
« L’humidité apportée par le Ciron favorise l’apparition de brumes matinales favorables au développement sur la vigne du Botrytis cinerea. C’est aux bienfaits de ce champignon que le vignoble du Sauternes et le Vignoble de Barsac doivent leur qualité et leur réputation », lit-on sur Wikipedia.
Tout autour, où nous courons aussi, des landes: du sable, des pins, de la bruyère – que j’adore – des fougères, des épineux. À l’automne, la bruyère fleurit, couvrant les vastes étendues sablonneuses de mauve, rose et violet. Quel site magnifique. Notre village étant en bordure des terres des Hautes Landes de Gascogne, les pinèdes s’étendent à perte de vue. Une atmosphère bien particulière s’en dégage: un peu comme en Bretagne, la nature reprend ses droits, c’est elle qui dirige ici. Pas de points de repère pour le promeneur distrait. On se perd facilement. la brume embellit cet environnement brut. C’est rustique à souhait. Pourtant, nous ne sommes pas vraiment dans les Landes, peu de maisons à colombages par exemple, mais le sable est clairement partout, surtout sur le plancher de la maison!
Cette fin de semaine – je reviendrai sur les différences de vocabulaire Québec/France – donc, le village faisait la fête. Les Journées du Ciron réunissaient tous les villageois autour d’activités culturelles: court spectacle onirique, mini présentation de cirque de rue – très chouette – spectacle de musique traditionnelle pendant l’apéro dominical, comédie musicale interprétée par une troupe d’amateurs de la commune qui, clairement, ce sont beaucoup amusés à incarner le Maire et ses opposants, étrange variation sur le thème de la transmission des rites et coutumes (euh, personnellement, j’ai trouvé que c’était très mauvais malgré toutes sortes de bonnes idées, mais l’ensemble ne fonctionnait pas du tout, surtout un dimanche après-midi familial).
Le clou: le feu d’artifice du samedi soir. Une première dans notre bout-du-monde. L’église entièrement illuminée pour l’occasion se découpant en filigrane sous les étincelles multicolores.Très beau, d’autant que nous n’avons pas eu à bouger de chez nous pour les apprécier. Un peu comme si on habitait au pied du pont Jacques-Cartier.
D’autres activités ont ponctué ces deux journées : le lâcher de ballons et celui de pigeons. Notre invité et ami K. nous a fait tout un flan au sujet des ballons, ces immondes bouts de plastique qui allaient, au gré du vent, polluer les airs, la terre et la mer. Si on pense à tous les poissons qui vont ingérer les bouts de ballons. Si on pense à tous ces océans saturés de bouts de ballons. Si on pense à tous… Il a tellement bien réussi son coup que les enfants, dégoûtés après avoir compris le message, n’ont même pas voulu aller en chercher un. C’est bien, hein. Maintenant nos petits pensent au respect de l’environnement avant d’assouvir leur propre petit plaisir. Ah, des vrais citoyens !!! qui auront bientôt honte de leurs parents 😉
Beaucoup plus écologique, le lâcher de pigeons voyageurs est intéressant surtout pour ceux qui, comme nous, n’en ont jamais vu. Selon les deux éleveurs présents sur les lieux (de chaque côté des boites en blanc à g. et en bleu à dr.), le pigeon, par principe, retourne sur son lieu de naissance. Il peut être dressé pour parcourir le chemin le plus rapidement possible, mais s’il est lâché à 10 km ou 200 km de chez lui, normalement, il y retourne. Pour les compétitions – les lâchers officiels donc – le pigeon est bagué. À l’arrivée, l’éleveur glisse la bague dans une boite qui enregistre un temps . Le plus rapide gagne. Il semblerait que cette noble et inoffensive passe-temps soit en voie de devenir le coeur d’un trafic : les propriétaires pourraient profiter de l’utilisation de « puces » électroniques pour tricher. Ouais. En attendant le départ, les pigeons sont coincés dans des boites en osier. À vue de nez, une trentaine par panier qui s’entassent, l’oeil vif, en vue de la libération. Franchement, en les regardant, tous tournés dos à l’accès, je pensais à Doris coincée dans le filet de pêcheurs à Sydney et demandant au banc de sardines de pousser vers le fond: « just keep swimmin’ just keep swimmin‘ » les harangue-t-elle (Nemo, Disney Pixar, 2003). Moi, j’aime Doris (eh, on a les références qu’on peut), alors ces pigeons m’ont touchée, forcément. Bon, prendre une photo du départ tient du défi. 1. Je ne suis pas photographe, 2. il est impossible de rester devant les boites au risque de se prendre une volée de moineau dans le gueule. Bof, ça ne m’allumait pas trop. Par contre, je me suis beaucoup amusée à faire des clichés des bêtes dans leur cage, dans l’excitation de la course… et quelle course, certains oiseaux avaient moins de 2 km à faire et les plus courageux, 10 km environ. Ah quelle aventure.