Tandis que j’effectuais une recension des similitudes entre le 20e arrondissement de Paris et Brooklyn, Fred et les enfants ont assisté à l’arrivée de la Transhumance des moutons à Aillas, à une vingtaine de minutes de chez nous.
Partis de Le Caillou, un tout petit coin des Pyrénées le 3 septembre dernier, Stéphane Iriberri et ses quelques 340 brebis sont donc parvenus à Aillas, dimanche. Un parcours sous haute surveillance tout au long de ses 340 km.
« Les relations entre «bergers sans terre» et autochtones n’ont pas été simples : la querelle du Pont-Long a duré 7 siècles ! Ces relations tendues, le «guidonnage» (droit de passage), les locations des pâturages, prohibitifs, font que les bergers s’engagent de plus en plus loin, dans les Landes, le Gers et la région bordelaise jusqu’aux confins du département de la Gironde et même au-delà. Le fumier de brebis est un excellent engrais naturel pour les vignes et la vente des produits du troupeau (agneaux, lait, fromage, laine, peaux) est facilitée par la proximité de grosses bourgades. » lit-on sur le site officiel de l’événement.
Trois semaines donc, durant lesquelles le berger et ses bêtes traversent les villages où ils sont aujourd’hui reçus en hôtes respectables. Les commerçants préparent des repas collectifs et viennent vendre des produits du terroir, les villageois offrent l’apéro et le gîte et les visiteurs affluent pour voir passer le troupeau, ou l’accompagner quelques heures.
À Aillas, c’est une démonstration de tonte qui a reçu le plus de succès… tandis que les autres brebis broutaient paisiblement. Il faut dire que les bêtes étaient fatiguées; Normalement, un mouton ne peut pas parcourir plus de 15 km par jour, et Fred me disait que les brebis boiteuses étaient nombreuses dans le troupeau.
Dans leur livre Aux origines de la transhumance , Les Alpes et la vie pastorale d’hier à aujourd’hui, Colette Jourdain-Annequin et Jean-Claude Duclos résument :
« L’histoire de la transhumance, pour beaucoup, commence au Moyen Âge. Elle est alors, c’est incontestable, un fait majeur de la civilisation de la montagne. Les longues marches des troupeaux et des bergers transhumants imprègnent la vie économique et toute l’organisation sociale des régions qu’elles mettent ainsi en contact. …
Enfin, parce qu’elle perdure, la transhumance n’est pas seulement un fait historique et un patrimoine collectif. Réalité ethnologique et sociologique, cette «admirable construction humaine» (Georges Duby) ne serait elle pas, dans la mesure où elle préserve les conditions d’un rapport équilibré avec les milieux naturels, un modèle acceptable de développement durable ? «
Comme j’aime me tenir informée, je suis allée feuilleter Wikipédia; j’y ai découvert que le mouton est un mammifère herbivore de la famille des bovidés. Oui oui, vous avez bien lu. Leurs caractéristiques? Un estomac à quatre poches adapté à la rumination, des sabots à deux doigts, deux cornes frontales, pas de canines pas d’incisives sur la mâchoire supérieure. Parmi les cousins, on retrouve les boviNés, les caprinés dont font partie les ovins et… les antilopes. Dans la famille, le père s’appelle le bélier, dit le Chef, la mère, la brebis, porte le doux nom de Jacqueline, le fils l’agneau Eliott et sa frangine, l’agnelle Lily Rose. Je n’ai pas réussi à trouver un nom pour les grands-parents.
Ceux qui me connaissent bien noteront que je suis drôlement sérieuse : des citations, des extraits de livre. Eh oui, je redeviens un peu beaucoup trop Française, je dois au moins faire semblant d’être intelligente et de connaître tout sur tout. Bien sûr, je rigole. Mais comme je n’étais pas là, je ne peux pas trop donner d’impressions persos. Ça manque de vécu tout ça.
Je laisse en dernière impression, le magnifique portrait de « Jacob ». C’est n’importe quoi, le berger ayant autre chose à faire qu’à donner un nom à ses 340 bruyants herbivores qui craignent « les loooouuuuuups » – les admirateurs de Babe s’en souviennent – plus que la peste qu’ils ne connaissent que de réputation.