une année en Gironde 32 – Oléron hors-saison

Cabrel chantait… C’est le silence/ Qui se remarque le plus/ Les volets roulants tous descendus/ De l’herbe ancienne/ Dans les bacs à fleurs/ Sur les balcons/ On doit être hors-saison…

Vendredi dernier, sur un coup de tête, alors que la météo annonçait de la pluie sur la France entière, nous sommes partis à Ronces-les-Bains, site de villégiature vendéen en face de l’Île d’Oléron et de Marennes, royaumes des huîtres s’ils en sont. Je vais le rappeler une bonne fois, je n’en mange pas, ni de près, ni de loin. J’en ai mangé, je n’en mange plus. Ces charmants muscles iodés dansant des javas beaucoup trop rythmées pour mon estomac devenu intolérant avec l’âge. Par contre, les mâles domestiques feraient des kilomètres pour une fine-claire. Grand bien leur fasse. Moi, je préfère le Muscadet. Le petit Clos Saint-Vincent des Rougères, vieilles vignes sur lie, était excellent avec les filets de maigre et le thazard, un thon local normalement introuvable après septembre.

Nous étions allés à La Louisiane – le domaine de la famille – il y a environ cinq ans, et Fred y a passé toute son enfance. Nos petits avaient encore des souvenirs plein la tête: la fête foraine permanente, les barbes-à-papa, les auto-tamponneuses, les pieds qui s’enfoncent dans le sable vaseux grisâtre, les crêpes impossibles à trouver au restaurant, l’entrée au Casino avec les sacs d’épicerie pour nous retrouver devant des machines à sous… tout ça.

Changement de décor. Aujourd’hui, début novembre, la station de villégiature est morte. Les volets sont fermés. Les sacs de sable s’empilent aux limites des allées qui mènent à la plage pour limiter les débordements. Les manèges ont disparu. Les étais des dériveurs battent la chamade au club de voile fermé. Il n’y a personne dans les rues. Même le marché alimentaire quotidien est au trois quart vide. À La Tremblade, la ville voisine, quelques badauds boivent leur bière sous l’auvent du bistro samedi matin. Les couloirs du Carrefour Market transpirent l’ennui.

Dans la grande maison, nous faisons du feu avec des bûches mouillées. La météo avait raison: il pleut. Lecture, lecture, lecture. Parties de master-mind. Il pleut. En soirée, après une sieste réparatrice de tant d’activités, nous fonçons – en retard – au cinéma Cristal. Nous sommes une dizaine à admirer les exploits de Tintin. Le caissier étant le caméraman, nous entrons sans payer… Quand je veux payer, après la séance, le caissier me fait un prix. C’était bien. En rentrant, nous avons regarder Edward Scissorhands, la joli Tim Burton de 1990. Je suis a seule qui a regardé jusqu’au bout, ils se sont tous endormis. Trop de fatigue accumulée sans doute. Je me suis fait la remarque que là où Brad Pitt joue sur sa gueule et ses muscles (n’oubliez pas que je viens de revoir Thelma & Louise), Johnny Depp – l’acteur nommé deux fois le plus sexy (2003 et 2009) par le magazine People, et actuellement le mieux payé  avec 75 m$/film – est souvent maquillé et grimé à outrance (Pirates of the Carribean, Alice in Wonderland).

*****

Je me suis endormie sur ces grandes réflexions…. pour me réveiller, dimanche, sous la pluie, encore. Temps moche, encore. Qu’à cela ne tienne, nous ne sommes pas en sucre. Et si nous allions sur l’Île d’Oléron.

Un pont de 4 km plus loin… C’est long l’Île d’Oléron, surtout quand on veut aller jusqu’au phare de Chassiron qui est, comme on peut le soupçonner… tout au bout de l’île. Je viens d’apprendre que c’est la deuxième île la plus grande de France après la Corse avec ses 30 km de long. Et bien, 30 km de petites routes, un dimanche de novembre sous la pluie, c’est encore plus long. Il n’y a rien à voir, à faire, à dire. Tout est fermé, tout est mort. Une infinie tristesse, une immense mélancolie. On doit être hors-saison.

Finalement, nous sommes arrivés au bout du bout de l’Île… et j’ai gelé. Enfin, mes pieds ont gelé comme ils savent si bien le faire.

« Souffrir de la maladie ou du syndrome de Raynaud, ce n’est pas seulement avoir les mains ou les pieds froids. Il s’agit d’un trouble chronique de la circulation du sang dans les extrémités, qui survient de façon périodique, en cas d’exposition au froid. Les parties touchées deviennent soudainement blanches, froides, insensibles, engourdies, et le patient ressent une vive douleur dans les parties touchées car le sang n’y circule plus. La maladie touche spécifiquement les extrémités, le plus souvent les doigts (le pouce est généralement épargné) et les orteils, » explique Wikipedia.

Au bout d’un moment, à marcher avec des bottes de pluie dans des flaques d’eau froide, j’ai eu l’impression de transporter deux blocs de glace à l’extrémité de mes mollets. Je ne sentais tellement plus mes pieds que je n’ai pas pu enlever mes bottes en poussant avec mes pieds… Il a fallu que je les tire avec les mains, pas forcément moins gelées mais au moins, je pouvais les bouger. Puis j’ai enlevé mes chaussettes, et là, tadada, ils étaient tout jaunes tendance cadavre. De toute beauté! Je ne peux pas croire qu’on ne puisse rien faire contre cette saleté qui me fait appréhender les automnes et hivers humides et/ou froids. En l’occurrence, dimanche dernier, Raynaud qui n’a rien à voir avec Fernand, m’a complètement gâché la promenade à lutter contre les éléments au phare de Chassiron.

Loin dans la mer, un kite surf, seul, dans l’écume tumultueuse des vagues. C’était fou.

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