Les polars se suivent, mais ne se ressemblent pas. Celui-là, je l’ai dévoré. 342 pages entre le réveil et la sieste de ce frileux 18 décembre. Et je ne suis pas la seule à l’avoir aimé puisque Garden of Love de Marcus Malte a remporté plus de 10 prix l’année de sa publication.
D’abord et avant tout, ce roman est très agréable à lire. L’écriture est souple, fluide, moderne, intelligente. Ensuite, la structure est très solide. Plusieurs histoires se succèdent les unes aux autres pour se retrouver facilement imbriquées. Pourtant l’intrigue n’a rien de simple, loin de là. Enfin, les personnages – peu nombreux – sont d’une grande richesse psychologique: ils sont tous sérieusement atteints par des détresses passées qu’ils portent en étendard sans devenir des martyrs. Ce sont des gens presque normaux dont le cours de la vie a dérapé, comme ça, d’un seul coup, les affligeant d’un instinct de survie déviant. Alcoolisme, schizophrénie, des morts bien sûr – qui auraient presque pu être évité tant les méandres psychiatriques se suffisaient à eux-mêmes – prostitution… Le tableau noir est complet.
Tout au long de ma lecture, je me suis demandé pourquoi ça marchait si bien; comment l’auteur nous harponnait dès la première page pour nous lâcher 341 plus loin? Ma réponse repose sur la qualité des personnages: leur douleur que l’on découvre au fil de l’intrigue est tellement lourde qu’elle vient nous chercher le lecteur dans toutes ses failles. Il y a un effet miroir qui induit rapidement l’identification. Et pour cause, c’est effet miroir joue aussi entre les personnages qui s’identifient aux autres. Le bien et le mal se côtoient, se frôlent, s’esquivent, se retrouvent au cours d’un chassé croisé réussi.
Le poids de la faute, la culpabilité, la schizophrénie naturelle
Après avoir perdu femme et enfants, Alexandre Astrid est un flic déchu, noyé dans l’alcool du réveil au coucher. Un jour, il reçoit un étrange manuscrit qui fait ressurgir cette lourde aventure du passé qui lui a coûté son poste de commissaire et sa santé mentale. Matthieu, Ariel et Florence se sont connus au lycée; leur étrange histoire se construit au fil des expériences partagées et de l’attrait irrépressible que provoque Ariel sur ses condisciples. Tandis que les différents récits se croisent, le lecteur découvre les liens entre ces quatre protagonistes.
Allez, je reconnais, sur la fin, je lisais surtout pour connaître le dénouement de ce noeud de vipères. Plus honnête encore, la fin m’a un peu déçue. Je suis une lectrice midinette, et j’aime les rédemptions. Je ne l’ai pas lue. Mais c’est un détail. L’intrigue fonctionne complètement, emportant la lectrice que je suis sans soucis et sans regret.