une année en Gironde – 41 Bordeaux, l’appel de la ville

Un peu à l’improviste, au gré d’achats à faire, nous avons quitté la campagne pour la ville, direction Bordeaux, son quartier commerçant et… piéton. En cette période des Fêtes, il n’y a pas d’embouteillages et le stationnement/parking à proximité de l’Hôtel de ville est parfaitement situé.

Il fait un froid bien humide qui me glace mains et pieds à peine sortie de la Galerie marchande Saint-Christoly, mais rapidement, le plaisir de déambuler dans le rues l’emporte sur la douleur, pourtant vive.

 

Le quartier piéton ressemble à bien d’autres quartiers piétons: des magasins de vêtements – les grandes chaînes sont présentes bien sûr les H&M, Zara et consorts, de chaussures, des parfumeries, quelques bistrots, quelques lieux d’articles déco assez sympas, des bijouteries bien sûr, avec de l’or 18 carats et beaucoup beaucoup de breloques en argent, argent et zircon. Clairement l’argent brille plus que l’or dans les devantures, on est loin de la plazza St-Hubert !! Il y a aussi de vieilles enseignes disparues ou en voie de disparaître…

Qui fréquente encore des boutiques de philatélie?

En passant devant la cathédrale Saint-André, nous avons découvert une patinoire artificielle très… courue malgré les dimensions ridicules et l’état de la glace pitoyable. 3 euros l’accès, patins à louer en sus, ouais, faut vouloir! C’est assez amusant, elle est organisée autour d’un labyrinthe, comme les files d’aéroport… À mon humble avis de mauvaise patineuse, on doit pouvoir faire le parcours en … 1 minute, ça donne une idée de la longueur!

 

 

Après quelques tours et détours gérés par le GPS de Fred, nous sommes arrivés à destination. Mollat est à la capitale girondine ce que le Furet du Nord était à Lille. Loin de l’achat en ligne sur les grandes centrales que sont amazon et la FNAC (équivalent de Renaud-Bray ou d’Archambault pour la variété des produits offerts), entrer dans cette librairie est un acte de foi. Ici, être libraire est un métier qui s’apparente à celui de bibliothécaire plus que vendeur. La jeune femme qui m’a conseillée au rayon des romans policiers m’a stupéfaite par l’ampleur de ses connaissances. J’étais bluffée, j’en redemande, je ne veux plus aller ailleurs! Je me suis pris 4 polars français dont la révélation du genre, Pierre Lemaître (ça ne s’invente pas, c’est son nom). Fred a opté pour la tétralogie d’Aki Shimazuki, cette Japonaise qui vit à Montréal et écrit en français relate cinq versions d’une même histoire au lendemain de l’explosion de Hiroshima. Ces courts romans m’avaient bouleversée par leur force évocatrice et la variation du propos.

On a planté Lumi dans le département BD, où elle est restée sagement pendant une heure au milieu d’autres enfants tous aussi passionnés. Pendant ce temps, nous sommes allés baver devant les montagnes de livres d’architecture, de design, d’art – un peu seulement j’avoue – de bouffe (ouh que j’ai failli craquer, encore et encore) et vins, pour finalement aboutir aux romans. Pas de bol, plusieurs des livres que nous espérions trouver manquaient sur les étagères. Chouette, un bon prétexte pour revenir.

 

Comme d’habitude, nous n’avons pas vu le temps passer. À peine le temps d’entrer dans quelques boutiques – dont une friperie affreusement chère, et c’était le milieu de l’après-midi. 15h, toujours pas mangé, ça commençait à faire. Nous avons opté pour Couleur café, la boucle était bouclée, retour au point de départ, affamés maintenant. Dans notre pays de viandards, nous sommes sérieusement en manque de poisson, ce qui a probablement justifié que nous choisissions tous les trois du saumon. Le mien était servi avec du fromage de chèvre fondant sous une croûte dorée, des légumes croquants à souhait, un verre de vin et ça ressemblait au bonheur.

D’autant qu’histoire de profiter de la ville, nous nous sommes installés en terrasse… chauffée. Un truc que les tenanciers ont trouvé pour que les fumeurs trouvent leur place dans un environnement qui ne leur est plus réservé. Pour nous, c’était surtout l’occasion de regarder passer les gens, de commenter sur nos constats…

– ici, les gens sont habillés « normalement » un 28 décembre, et pas emmitouflés sous des tuques, des mitaines, des énormes Canada Goose et autres Kanuk. Ils portent des chaussures ou d’élégantes bottes de cuir fin. En fait, les demies saisons existent au sud de la Loire, au nord aussi, mais différemment !!

– ici, il y a des vieux dans la rue; des vrais vieux qui marchent avec difficulté, mais qui peuvent sortir de chez eux, se promener et voir du monde, sans risquer de se tuer sur une plaque de verglas. J’ai toujours dit, depuis mon arrivée à Montréal en 1987, que je n’y vieillirais pas, c’est trop dur.

– ici, il y a des enfants, plein d’enfants. Les familles avec 3 ou 4 enfants sont communes. Ça court partout, ça crie, ça chahute, ça rigole, ça gueule. Pas besoin d’aller dans un centre d’achat en banlieue ou dans un centre d’activités familiales. Je n’invente rien au débat, mais je suis toujours frappée par le « naturel » des Françaises – pas toutes, on s’entend – à avoir des enfants. Après, ça ne va pas sans un lot de problèmes assez sérieux dont l’usage permanent du cri et de la taloche, mais bon.

Surtout, ça a été l’occasion de constater que la ville nous manque. Moi l’ultra urbaine et Fred qui aime la campagne, sommes fondamentalement des citadins. Nous aimons l’énergie d’une ville, son bruissement, sa vitalité, son expression, son visage. À ce titre, Bordeaux semble assez jeune et dynamique, plutôt bourgeoise – en tout cas, au centre ville – et peu métissée. Nous aimons pouvoir – juste pouvoir – aller chercher du pain au coin de la rue, aller prendre un café dans un bistrot, voir du monde, des gens, de la vie; sortir le soir sans avoir à faire une heure de route aller et pareil au retour; improviser un resto; trouver des boutiques improbables avec du personnel accueillant et serviable qui nous fait découvrir plein de choses. À la campagne, il n’y a pas tout ça; il y a autre chose et c’est bien aussi, mais on s’interroge sur notre avenir, et dans l’équation de base France ou Québec, s’ajoute maintenant la suite logique, Bernos ou Bordeaux, campagne ou ville?

A priori, Fred sera un heureux Jules bordelais dès janvier, et ça, c’est une bonne nouvelle et une amorce de réponse, parce qu’à plus de 500km de voiture par semaine, nos choix vont peut-être se faire d’eux mêmes!!

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