Loin des domaines skiables de prestige – Trois vallées (Méribel, Courchevel, Val Thorens), Tignes/Val d’isère, Avoriaz/Portes du soleil – nous sommes pendant une semaine dans le village de Saint-Nicolas-de-Véroce en Haute Savoie, au pied du Mont Blanc. Je remercie sincèrement Florence et Bernard qui mettent gentiment et gracieusement leur somptueux chalet à notre disposition. Sans eux, nous ne serions pas là.
De Saint-Nicolas, nous prenons un télésiège pour accéder au domaine skiable de Megève Mont-Blanc. Et là, des kilomètres de pistes nous attendent. Les enfants doivent s’habituer au décor gigantesque. On est à 1800m d’altitude. Le sommet culmine 700m plus haut. Partout la nature a cédé sa place – involontairement – aux télésièges, oeufs/ télécabines, et autres tire-fesses.
Il fait froid. Enfin, on s’entend, un froid local, autour de zéro. Une fois installés sur les sièges à 6 ou 8 places, on monte, on monte. Quand même, au chalet, on crève de chaud avec une veste et un petit pantalon de ski… pas de tuque, à peine des mitaines. C’est qu’ici, le style passe avant tout. On repère d’ailleurs les skieurs de Megève – le Saint-Sauveur local, ce sont les seuls qui dévalent les pistes en tenue de ville ou presque.
On se faisait la remarque, on ne skie pas en France comme au Québec. Même s’il y a beaucoup moins de monde que les années auparavant, reste qu’on peut se coller de sacrées queues aux remontées mécaniques. Aussi, il y a un paquet de très bons skieurs. Genre, les « blonds » de Gad Elmaleh. Tschick tschick tschick… Tout autant qui skient de manière approximative et te frôlent la pointe de la spatule sans sourciller.
Surtout, ici, on skie en file indienne. Maman ou papa canard en avant, les poussins qui suivent. Nous avons disserté pour comprendre… L’influence des cours – au moins 12 par groupe les uns derrière les autres – qui s’enchaînent chaque jour de la semaine. L’influence des parents qui « enseignent » à leurs petits, en hurlant de peur à la moindre incartade. Au Québec, on skie, point.
Dans les files d’attente, les différences sont encore flagrantes. Les Français s’entassent en moton et cherchent à passer devant les autres. Moi la première : tant qu’à être petite, autant que ça serve à quelque chose. On est à mille lieux de la rangée rigoureuse de Bromont ! Quoique, je comprends, au prix que coûtent les séjours dans les Alpes, les gens veulent profiter de chaque minute. Jugez plutôt, un forfait famille 2 adultes 2 enfants d’une semaine se détaille autour de 640 euros (850$). Certes, on peut skier de 9h à 17h sans emprunter deux fois la même piste… Si on ajoute l’hébergement (autour de 1000 euros/semaine), le matériel (environ 100 euros/ pers), le transport (essence et péages) et la bouffe… Le ski alpin a toujours été un sport pour familles aisées, mais c’est devenu indécent.
Au-delà des tarifs, d’autres réalités se révèlent. Vous avez envie de faire pipi? Ah ah. Bonne chance. La France est un des seuls pays au monde – le seul ? – où il faut payer pour pisser, souvent dans des toilettes sales. Constat du même ordre sur l’immense domaine skiable, seules deux ou trois toilettes disséminées. Quant aux restaurants d’altitude, oubliez-les. Leurs toilettes sont réservées aux clients. C’est de bonne guerre, mais pour ma mini vessie, c’est un problème! Et je n’ai pas encore parlé du repas. Ah oui, parce dans les restaurants d’altitude, pas possible d’apporter son casse croûte. Seuls les consommateurs payants sont autorisés à profiter de la terrasse; les autres, les prolétaires qui apportent leur lunch, doivent se contenter de la salle « hors-sac » mise à leur disposition : un hall plus ou moins accueillant avec tables, bancs et toilettes. Enfin des toilettes.
Reste que… ben voilà, c’est du ski dans les Alpes. Quand on est né là-dedans – père moniteur, mari moniteur, belle-famille de maniaques, et bien c’est irremplaçable. Aujourd’hui, premier jour, dans un brouillard à couper au couteau, on a aimé. Quand le soleil s’est levé, et bien, on trippait; même nos petits retrouvaient le plaisir malgré la fatigue, le froid, les murs glacés et les jambes mal dégourdies. Même moi qui n’endure plus une température sous 10° et qui n’a pas la fibre des planches bien développée. Une religion, je vous dis.
Les Bronzés font du ski