une année en Gironde 59 – Luz-Saint-Sauveur-Ardiden

« La montagne à l’état pur » : ce slogan vante les qualités des stations des Alpes… Quand on voit ce qu’elles sont devenues! Toutefois, cette accroche pourrait se recycler dans les Pyrénées où elles sont pas mal plus naturelles.

On s’entend, le ski alpin est une horreur écologique. Ce n’est pas la seule. Entre la déforestation, les constructions, l’enneigement artificiel, les déchets, alouette. Dans les Pyrénées, les stations, beaucoup plus petites que celles des Alpes vivent une autre réalité : l’encombrement. Sur les routes, sur les pistes, aux remontées mécaniques… Peu de pistes, peu de télésièges – vétustes de surcroît – peu de très bons skieurs, beaucoup d’idiots qui viennent s’éclater et… éclater les autres en passant. Je ne connais pas toutes les stations, j’ai souvent entendu les mêmes commentaires, et nous avons testé Luz Ardiden.

Pour s’y rendre, il faut traverser Luz St-Sauveur… Dans les Laurentides, le village homonyme est surnommé sans saveur. C’est ça. Une rue principale qui dessert plusieurs stations. Un élégant embouteillage autour de 17h, de larges bouffées de pots d’échappement, des minutes d’attente pour se stationner/se garer au supermarché, des hordes d’Espagnols les fins de semaine et tout plein de djeuns des villes environnantes. Les boutiques sont horriblement quétaines. Des marmottes – appelées siffleux, au Québec – sifflent au passage de chaque touriste. Un cauchemar.

Ma définition du quétaine : quelque part entre plouc et ringard, avant de devenir kitsch.

Bien sûr, Wikipédia ose la sienne et traduit par démodé ou craignos. L’exemple qui tue : le pantalon de jogging porté avec des tongues et/ou pas de chaussettes blanches. Les cartes postales avaient un humour plus que relou et des filles seins à l’air qui vantent telle ou telle autre plage. Les boutiques de souvenirs Made in China, identiques dans tous les sites de villégiature en sont d’exquises représentations : partout dans le monde, on y trouve de l’Opinel – ou autre marque – identifié avec le nom du village ou de la spécialité locale, à la savonnette, en passant par la peluche, les aimants, les porte-clés avec un prénom, les dessous de table aux couleurs locales, la boule à neige qui change de couleur selon la saison, allez jusqu’à l’infini et plus loin encore.

Heureusement, une boutique d’artisanat et quelques magasins de spécialités – saucisson, fromages – sauvent l’honneur. Comme nous sommes toujours présents dès qu’il s’agit de bouffe, nous avons traîné nos après-ski devant une vitrine de lomos (charcuterie espagnole pur porc, parfaite pour les tapas) et autres jambons, pour découvrir le… gâteau à la broche.

C’est une spécialité du coin… ou pas, selon les sites internet consultés. Grosso modo, une pâte à crêpes avec rhum et vanille, qui est versée sur une broche conique qui tourne près d’une source de chaleur. Très bon. Un goût inattendu de cannelé (spécialité bordelaise réinventée récemment). Mais rien qui arrive à la cheville du saucisson au fromage de brebis. Un régal à l’apéro. On a tous les vices, on mange et on boit.

Alors, Luz Ardiden? 6 km de virages en épingles à cheveux (les bob épines québécoises). Les enfants qui commentent ma conduite d’escargot. Finalement, un parking (oh la la, je commence à me convertir) planté au milieu de rien, des escaliers de métal. Un gros bloc de béton qui accueille l’infirmerie – et une djeun qui en sort sur une civière, avant de monter dans l’ambulance (ahhhh descendre la tête à l’envers une route pareille) tout en textant ses mésaventures; le restaurant, les toilettes, la billetterie… En face, deux tires-fesse pour débutants et un télésiège débrayable 6 places. Un environnement superbe.

Après un grignotage en règle sur la terrasse encombrée, nous embarquons. En fait, nous passons de 1800m (station) à 2500m (sommet) en trois télésièges. Le deuxième passe la moitié de son parcours sur la ligne de crête. Je suis pétrifiée et découvre que j’ai le vertige. Un peu. Au point où les pistes me paraissent très rassurantes quel que soit leur couleur! Bon, en 1987, le dernier pylône du-dit télésiège se rompt et emporte avec lui « un train de chaises » tuant 6 personnes. Tout pour me calmer.

Jolies pistes, ma foi. Pas trop larges, quelques bosses, neige dure sans être glacée, soleil, soleil, soleil, un peu soupe à l’arrivée mais rien de grave. Vraiment, très agréable. Sauf qu’à partir d’une certaine heure, les bouffons débarquent. Qu’on se le dise, je n’ai rien contre les débutants, encore moins contre les skieurs occasionnels conscients de leurs difficultés. Par contre, je deviens hystérique devant la bêtise de certains. ces espèces d’idiots qui skient comme des manches et sont incapables de maîtriser leurs planches, leurs snow et leurs hormones. La règle est pourtant simple, le skieur en amont (au-dessus) est responsable. Il doit être en mesure de contrôler sa vitesse et de ne pas foncer dans les skieurs en aval (en-dessous). J’imagine que toute règle est faite pour être contournée, mais là, on parle de sécurité.

À un moment donné, un accident, juste à la hauteur d’une bannière appelant au ralentissement. Un personne dans une groupe reste sur le carreau. Ses amis interviennent rapidement, appellent les secours et forment une espèce de limite avec des skis. Pendant les trente minutes d’intervention, je ne compte pas les abrutis qui ont « fleuré » le site, qui ont freiné juste avant en faisant des gerbes de neige, ou qui sont se arrêtés quasiment dans la barrière.

On s’interroge encore sur le nombre qui nous a semblé élevé de skieurs irresponsables. Je n’ai pas vu de « très bons » skieurs, comme j’en avais vu dans les Alpes. Mon impression générale est que, ce jour-là, les gens venaient surtout s’amuser quel que soit leur niveau. Les vrais skieurs faisaient eux de la randonnée en peaux de phoque. Enfin quand même, mon fils a failli se faire heurter trois fois, ma fille deux. Merde.

On s’étonne que je n’avais pas envie de revenir le lendemain ! Cela dit, nous sommes globalement très contents de notre journée et nous essayerons une autre station quand l’occasion se présentera.

*****

J’allais oublié. Le 10 mars correspond à l’ouverture de la pêche… Sur la route pour Luz St-Sauveur, nous avons vu des dizaines de pêcheurs, partout où ils pouvaient lancer leur canne. Le moindre ruisseau. Et habillés… comme des pros. « Ils ressemblent à des chasseurs » dira la fille. On ne rigole pas avec la pêche fillette, c’est un genre de religion virile, qui réunit des nez assez rouges, des courbes assez larges et des idées peut-être étroites. Qui sait?

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