À peine arrivée dans la capitale, j’y étais, la veille de mon retour j’y retournais. Je suis comme ça. À la vie, à la mort. Mon amie expose, je la soutiens; elle gagne un prix, je la félicite. Bon, les bulles à 10:00 du mat’ ça le fait pas. Tant pis, elle les boira sans moi. Elle le mérite amplement.
Mon amie Séverine a inventé le Moulin jardinier. À la Foire de Paris, elle a parlé de sa création 9h par jour avec inspiration, constance et sourire. Et selon les questions ou les commentaires, ce n’est pas toujours facile. Inspiré des moulins à aube, cet objet comporte six bacs à fleurs installés autour d’un axe rotatif. Un volant permet de faire tourner et de bloquer l’ensemble afin que chaque bac bénéficie du même temps d’ensoleillement. Les visiteurs sont souriants, enthousiastes et déclinent spontanément les avantages : « on peut jardiner à notre hauteur, c’est bien quand on a mal au dos », aux genoux, aux bras, alouette. « C’est génial quand on n’a pas de jardin » – imaginez, une surface de culture 3 fois plus importante que celle occupée au sol. Le MJ peut être installé sur une terrasse. « Super, pas de prédateurs ». Bien sûr, le MJ est en hauteur, sinon il ne tournerait pas. Ce qui le rend écologique, pas besoin de pesticides puisqu’il n’y a pas de bibittes !
L’Est Républicain présente : » Idéal pour les citadins amateurs de plantes vertes ou de jardinage ! Le moulin jardinier de Severine P. permet de cultiver 3,5 mètres carrés de terreau sur une surface d’1,5 mètre carré seulement. L’idée est simple mais novatrice, comme toutes les nouveautés géniales. Le système est constitué de plusieurs jardinières suspendues, manœuvrées par une manivelle, le tout monté sur roulettes. Avec un tel dispositif, rien n’empêche de cultiver ses tomates dans son salon. »
photo extraite du reportage Concours Lépine 2012: le Saint-Graal des inventeurs par Solene Godin et Alexandre Devecchio, sur le site lexpress.fr du 27 avril 2012.
Bref, le Moulin jardinier est beau, original. Un chouette objet. Le jury du Concours Lépine et de la Foire de Paris ne s’y sont pas trompés. L’invention a reçu le prix Truffaut, du nom du réseau national de jardineries, qui en garantira normalement la distribution. Ça valait bien une tournée de Nicolas Feuillatte.
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Allez rendre visite à mon amie – le bâtiment 7, là-bas, loin, bien plus loin – sous-entendait de découvrir la fameuse Foire de Paris. Je soupçonnais que j’aller détester. En vrai, c’est pire!
Sur le site de l’événement, on lit… Il était une fois un jour de 1889, un bijoutier prénommé Gustave SANDOZ exposa à la presse, un projet lui tenant à cœur : « Ne serait-il pas possible de prolonger l’Exposition Universelle en 1890 et les années suivantes, sous une forme plus économique et mieux adaptée aux besoins du commerce et de l’industrie modernes, celle d’une Foire de Paris qui serait la grande foire de l’Occident »… La première se tiendra en 1904.
Respect pour cette centenaire du commerce donc. Mais entre temps, la mondialisation est passée par là. D’un kiosque/stand à l’autre, peu de produits fabriqués ailleurs qu’en Chine, des objets présentés sur les chaînes de télé-achat, du plastique, beaucoup de plastique, des tonnes de plastique. Une foule dense, grouillante, multiethnique, familiale… Les dames plutôt, suivies par leur mari contrit, viennent y chercher des idées. Les hommes regardent les voitures usagées, les récents gadgets.
Quelques stats. Douze jours où les six bâtiments de la Porte de Versailles ont abrité 3400 exposants et marques. Des kilomètres parcourus par les… 620 000 visiteurs qui y ont passé plus ou moins 4 heures et dépensé un panier moyen de 740 euros. L’an passé, le chiffre d’affaire jouait dans les 350 M€. Et moi ? Un t-shirt de course à pied bien pratique à 30€ et le jeu de plateau SumoMaths pour nous dégourdir les neurones à 32€. Je suis loin du compte, mais je n’étais pas là pour ça, je suis plutôt claustrophobe et je déteste de plus en plus l’hyperconsommation.
C’est de ça dont il s’agit. L’hyperconsommation à en avoir la nausée. À chaque coin de kiosque/stand, un objet que le vendeur nous rend indispensable. La plupart du temps, c’est de la merde. Et même si c’est d’une certaine qualité, a-t-on besoin d’acheter un autre jouet, une autre poêle à frire, une pince à épiler lumineuse ? Pire que La Complainte du progrès, la chanson de Vian ! 11% d’achats en plus cette année. La crise ? Les gens ne sont pas partis en vacances alors ils compensent en s’achetant une xième gugusse qu’ils ont déjà en trois exemplaires. « Il y a quelques années, j’y avais acheté un matelas vraiment pas cher » m’explique une dame ventousée à moi dans le tram. Tokyo à l’heure de pointe sans les pousseurs. Eh, c’est le dernier jour de la FdP, il ne faudrait pas rater l’aubaine. Le 8 mai, journée fériée en l’honneur de l’Armistice de 1945, les badauds parisiens s’y précipitent. Faut dire que les musées nationaux sont fermés aussi. Alors forcément…
Peu de différences d’un hall à l’autre. Le dépaysement est plutôt garanti au rez-de-chaussée du bâtiment 4 : Richesses du monde, Terre des Tropiques. Pays africains, asiatiques, sud-américains, orientaux vendent leur artisanat et autres spécialités. Accras de morue et boudins créoles accompagnent joyeusement les rhums arrangés. D’une allée à l’autre, organisée en « quartier », on voyage des sacs marocains – à l’odeur, c’était des vrais ! – à la vanille polynésienne, des broderies malgaches aux saris indiens, des encens chinois aux colliers ivoiriens, etc. Je pourrais être mesquine et trouver un parallèle avec l’Exposition coloniale, mais je serai plus constructive en vantant l’économie du billet d’avion et l’absence de décalage horaire qu’offre un tel voyage. Je n’ai pas poussé le vice jusqu’à regarder combien de ces artisanats dits locaux, sont en réalité le fruit du travail des petites mains d’extrême Orient. Ce que je peux être cynique des fois.
Tout le monde a compris, je n’ai pas aimé. Peut-être par une belle aube printanière, seule…