N. est un petit garçon de 7 ans. C’est le pote de mon fils. Même âge, mêmes bêtises. On ne dit pas encore conneries, à l’école primaire. Ensemble, ils courent partout. Leurs réserves d’énergie incarnent le mouvement permanent. Ils crient beaucoup, se talochent en riant, se gargarisent de gros mots, des gamins quoi. Sauf que N. n’a pas de papa. Enfin si, en prison.
Bourré, il a frappé un chauffeur de taxi. Un an, il a pris. « C’était un récidiviste », me dit la maman, divorcée aujourd’hui, un petit sourire navré. Elle se souvient de l’appel à 23h. « Votre fils va bien, ne vous inquiétez pas. Mais son père a fait une vraie bêtise. » On ne dit pas connerie à cet âge-là ?
Ce père a besoin d’aide, pas d’incarcération.
Aujourd’hui, c’est une mère qui a frappé une conseillère pédagogique au collège de sa fille. 6 mois fermes. Allez hop, au trou. Le juge a voulu une peine exemplaire.
Bien sûr, le comportement de cette femme est inacceptable. On est tous d’accord.
On s’étonne que la prison des Baumettes à Marseille déborde. Mais tous les délinquants, tous les fautifs, tous les criminels s’y retrouvent entassés les uns sur les autres, sans regard à la faute commise. Qu’est-ce qu’un type malade, une femme démunie – jusqu’à un certain un voleur ou un junk, fichent en prison.
Que l’incarcération punissent les crimes est une chose. Qu’elle serve de placard à tous les individus qui, en détresse, commettent des actes illégaux et répréhensibles, en est une autre.
Quand il se fait chahuter par des plus grands ou des plus forts, N. ne réagit pas, encaisse en silence. Préfère se laisser humilier, harceler. « Si je répond, je vais me battre et je vais aller en prison, comme papa. »
Ce n’était pas un sujet de saison…