Comment couper 6 heures de route qui s’annoncent longues ? Une pause château s’impose. Pourquoi pas Chenonceau, 2e lieu le plus visité de France après Versailles. J’ai bêtement cru qu’un 23 décembre, il n’y aurait personne. Grossière erreur : plusieurs cars de touristes s’alignaient dans le stationnement, laissant présumé du pire. À l’intérieur,un monde fou. L’enfer, en pleine saison ?
Je n’ai pas entendu d’architectes québécois dans les coursives. Ils ont pourtant tout à apprendre ici. Un château bâti il y a cinq siècles, qui tient encore debout ! Ça laisse rêveur, non ? Ça change surtout des ponts de Montréal qui s’écroulent en moins de 40 ans… ou en pleine construction.
Chenonceau est passé de mains en mains royales de sa construction (1521) à la Révolution. François I, Henri II et III, Diane de Poitiers…
… et surtout Catherine de Médicis, connue pour son amour de la fête, qui inaugure la grande salle de bal dans la galerie au dessus du Cher. Un nom de circonstance.
J’ai bien aimé les alcôves sur la rivière, romantiques à souhait.
La cuisine m’a nettement moins impressionnée que celle de Roquetaillade (33) qui est absolument étonnante.
Les planchers sont vernis. On s’en fout ? Peut-être, moi j’étais fascinée.
Anecdote étonnante. Pendant la 2e guerre mondiale, l’entrée du château de Chenonceau était en zone occupée tandis que l’autre rive était en zone libre. On imagine assez bien combien de maquisards y ont circulé pour fuir…
Pourquoi aller à Chenonceau ?
Planté dans un écrin de jardins à la française, le château présente la particularité de constituer une île au milieu du Cher. Chef-d’œuvre de la Renaissance française, il témoigne de toute l’évolution architecturale connue entre 1512 et 1580. On y trouve notamment l’un des premiers escaliers à rampes droites connus sur notre sol.
En hiver, les jardins n’ont pas beaucoup d’intérêt. Je rêve d’une visite à la fin du printemps, ou de l’été quand le potager royal sera à sont meilleur. Les décos de Noël pour Japonais en manque de dorures m’ont moins allumée que les feux dans les cheminées gigantesques. Les bâtiments de la ferme évoquent les béguinages Belges de Bruges, avec leurs volets rouge. C’est surtout l’existence même de ce château qui reste exceptionnel. Un peu comme les grandes cathédrales… Comment des hommes ont-ils bâti des oeuvres d’art pareilles sans outils modernes, sans technologies. Fascinant. En fin de compte, il y avait trop de monde pour que l’imagination ait la place de recréer des ambiances. Qu’elle parte dans un monde parallèle, quelque part il y a cinq siècles.