Depuis qu’elle a été découverte par quatre ados, à Montignac (en Dordogne), c’est la 2e fois que la grotte de Lascaux déménage. Enfin pas elle, sa copie conforme. Cette fois, l’expo itinérante qui lui est consacrée s’est arrêtée 183 km plus loin, à Bordeaux, première escale avant l’envolée vers l’Amérique (Chicago en 2013, puis Montréal en 2014).
Nous y sommes allés en familles. J’ai beau tourner mes impressions dans tous les sens, rien à faire, à mon avis, cette expo a raté l’occasion de nous plonger dans la préhistoire.
Cap Science, un lieu trop petit. Le succès formidable remporté par l’exposition – plus de 70 000 visiteurs à quelques jours de la fermeture – aura été son principal handicap. Plus d’une heure d’attente pour ceux qui n’ont pas pris leur billet sur Internet; plus de trente minutes d’attente pour assister à la projection muette de 10 minutes; un accès impossible aux panneaux de présentation et aux rares animations.
Conséquence, les enfants ratent l’essentiel du contenu.
Une approche académique, statique, destinée aux adultes. Ah, les Français (scientifiques de surcroit) et le papier ! L’exposition commence par une succession de panneaux écrits (les caractères ne sont pas bien gros). Forcément, ça coince entre ceux qui lisent, ceux qui passent leur tour, ceux qui veulent comprendre, ceux qui poussent… Ça me soûle. J’ai compris le principal, je me pousse.
La grotte – on parle ici d’un boyau creusé par des rivières il y a environ 10 millions d’années – et ses peintures rupestres (datées de 19 000 ans, quand même), est donc découverte pendant la 2e guerre mondiale. Très vite, les visiteurs se multiplient, au point d’altérer les oeuvres (chaleur et quantité de bactéries qui augmentent). Dans les années 70, la grotte sera donc reproduite à l’identique, l’originale restant fermée au public. Une histoire totalement fascinante. Mais il faut lire certains panneaux pour mesurer le pompeux des formules… grandiose. (Manque de pot, je n’ai pas pu prendre de photos)
Deuxième étape, le passage DANS la grotte. Coup de bol, il n’y a pas trop de monde. Je suis bouleversée. Il y a 20 siècles, des hommes équipés de grattoirs et de perçoirs, ont peint ces animaux : chevaux, aurochs. Une succession de têtes et de pattes indiquent le mouvement. Les formes sont parfaitement représentées. Incroyable. L’art, la communication, l’expression de la réalité ont existé, là. Depuis 10 ans, la 20th Century Fox passionne les foules avec les rocambolesques aventures d’animaux du Paléolithique (Ice Age I à IV), l’expo Lascaux nous entraîne dans l’environnement réel. C’est tout simplement magique.
Mais l’enchantement tourne court. La salle suivante est consacrée aux méthodes de reconstitution. Carbone 14 pour la datation, laser pour la numérisation en 3D, amorces d’explications sur les bases d’un langage éventuel… Les plateaux sont cachés derrière la foule. Encore une fois, l’essentiel du contenu est écrit : peu d’interaction avec le public. Finalement, un premier film expose les intentions des peintures. Très intéressant. 3 minutes, une personne sur deux passe par manque de place.
Enfin, la reconstitution des Cro-Magnons. Criante de vérité. Sauf que je décroche complètement, enfin presque autant que dans les documentaires animaliers qui nous font de l’anthropomorphisme à plein tube. Je passe sur le film en 3D, sans trame sonore, qui nous présente le boyau (la grotte) vu en perspective de l’extérieur. En dernier lieu, une maquette réduite reproduit (encore) la grotte en résine. Décidément, ça ressemble à des intestins.
Voilà. Fort heureusement, le prix d’entrée était plus que raisonnable (7 euros). Je ne regrette vraiment pas d’être allée, mais je suis restée sur ma faim. Une excellente raison pour profiter d’un long week-end printanier et me rendre directement dans la grotte originelle, à Lascaux.