Il y a eu cet article sur les « impats », ces drôles de Français qui reviennent au pays, au lieu de le fuir pour cause de crise ou d’imposition fiscale. Au coeur de leurs difficultés, la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger. Je connais bien, je le vis depuis que j’ai entamé une recherche d’emploi en bonne et due forme.
J’ai un CV bâtard. C’était vrai à Montréal, ça se confirme en France. Sauf que ce qui pouvait être le témoignage d’une force et la preuve d’une capacité d’adaptation ou d’ouverture d’esprit en Amérique du nord, devient un franc handicap en Hexagone. Pour couronner le tout, je n’ai qu’un tout petit diplôme, une minuscule licence en science politique (un Bacc. de l’Université de Montréal), autrement dit, rien au pays du diplôme roi. Même pas un « master » (qui est quand même beaucoup plus hot qu’une maîtrise).
« Par frilosité et conservatisme, la France se prive-t-elle de tous ces talents extérieurs qui ramènent dans leurs bagages des idées nouvelles et un regard neuf sur leur vieux pays ? C’est le sentiment de bon nombre d’impats, frustrés de constater le faible intérêt que suscite leur expérience à l’étranger. » Le Monde, L’amère patrie, Christian Roudaut, 30 nov. 2012
Je fouille, j’interroge. La conseillère évoque une officielle séance d’information sur la « validation de l’expérience » (VAE). Pourquoi pas ?
Au bout de dix minutes, je savais que j’allais perdre deux heures (et éventuellement me prendre un PV).
La VAE permet, en une douzaine de mois, et quelques centaines d’euros, d’aller chercher… un diplôme !!! académique ou technique, correspondant à l’expérience acquise sur le terrain. Imaginez, c’est le bonheur, 7000 certifications disponibles. Laquelle aller chercher ?
Je vais me forcer, et tenter de coller à mon CV. Voyons… coordination d’édition, ça donne quoi ?
a. MASTER Domaine Arts, Lettres, Langues Mention : Information, Communication Spécialité : Rédacteur et concepteur de contenu multimédia , offert par l’université de Nantes.
b. Licence Professionnelle Métiers de l’édition spécialité Techniques et pratiques rédactionnelles appliquées à l’édition, de l’Université de Toulouse.
c. BTS Édition.
ou, d. la réponse d.
Intéressant. Je conçois et rédige des contenus multimédia depuis 1998. En donner la preuve a moins de valeur qu’un master ? Que dire de mes vingt ans de journalisme qui n’ont même pas la bonne idée d’être certifiés. Quel pays ! Je ne suis pas prête de trouver du boulot.
Hélène Conway-Mouret, la ministre des Français de l’étranger (…) cherche à convaincre ses collègues du gouvernement (notamment de l’Intérieur, de l’Education nationale, des Affaires sociales) de la nécessité de déverrouiller les « points de blocage » qui compliquent la réinsertion : « Pour moi, la mobilité, ça se passe dans les deux sens. Vous partez, c’est très bien, vous servez la France à l’étranger. Quand vous revenez, on doit vous montrer que l’on valorise ce que vous avez acquis. On a un guichet pour sortir, on peut bien avoir un guichet pour rentrer ! » Le Monde, L’amère patrie, Christian Roudaut, 30 nov. 2012
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demain, la suite : le CV
Au Québec, j’ai toujours eut l’impression qu’à partir d’un certain nombre d’années d’Expérience, ma fois plutôt petit, plus personne ne regardait la section « études » du CV. Je suis toute surprise de réaliser que ce n’est pas nécessairement le cas en France.
Qu’est-ce qu’on s’en fout du diplôme alors que tu as fait tes preuves dans tant de domaines!
Bonne chance et bon courage!
Merci Annie. Je suis bien d’accord avec toi, mais ce n’est pas l’usage ici. Note, après tout, chaque pays a ses codes. Il suffit de les apprivoiser !