Nous sommes assis, lui et moi, un casque sur les oreilles.
Dans l’oreille gauche, une pièce classique égrène des notes de piano. Dans l’oreille droite, des bruits. Des pas, une douche qui coule, un cheval qui hennit, une porte qui s’ouvre, etc.
Mon fils doit dire ce qu’il entend. Moi, j’écoute la même chose que lui, mais je me tais. L’orthophoniste sourit. Ça va ?
Les exercices précédents ont mis le petit en état d’écoute extrême.
Des sons plus courts, plus intenses, un coup à droite, un coup à gauche. Il doit les différencier. Son cerveau est sollicité.
Après les bruits, des mots à répéter. Sans faute de fiston.
La fin approche. Plus que deux.
Dans chaque oreille, une histoire différente. Un narrateur différent. Deux minutes environ. À droite, une femme veut des timbres postaux sur les impressionnistes, elle n’a pas de monnaie sur 100 euros, mais le caissier accepte les chèques. À gauche, un homme veut partir en voyage, dans un pays exotique, hésite sur la destination. À la fin, l’auditeur raconte le maximum d’information qu’il a captées. Fiston n’a saisi que l’oreille droite. L’exercice se renouvelle, cette fois, avec une série de quatre chiffres. Euh. La première fois, un cafouillage, un brouhaha, une bouillie sonore. Mais le cerveau s’habitue, et trie. Soudain l’oreille distingue 4-8-2-7 à gauche, oups 1-5 à droite. Fiston s’adapte lui aussi. Au bout du troisième essai, il énonce les 4 chiffres énumérés à droite.
Intense. Je sors épuisée, fiston, surexcité. La suite jeudi prochain. Résultats et analyse, la semaine suivante.