dans quel monde vit-on ?
World Press Photo Contest. Des clichés de presse donc, publiés dans les grands médias de ce monde. 56e rendez-vous des grands reporters, et du public.
Cliché de Samuel Aranda, 55e prix World Press Photo.
Je viens de voir 20 photos primées en 2013. État de choc.
Violence inouïe.
La photographie de presse est devenue témoin d’un génocide humain qui se déroule à l’échelle de la planète.
Une foule porte les cadavres d’enfants tués sous les bombes; Un homme en pleine séance de torture; Un ennemi mort traîné par d’autres hommes à moto; Un gamin moitié nu, hurlant de détresse à la vue de sang sur ses mains; Un cadavre flottant dans une mare de pétrole; Des militaires projetant des fumigènes à bout portant; Un couple baignant dans son sang sous un billard du Honduras; Une Indienne qui s’est immolée par le feu pour ne plus subir de violences conjugales… N’en jetez plus, la cour est pleine.
Mélange sordide de voyeurisme et de représentation de la réalité.
P…. il n’y a que ça de présentable ? Le type avec son appareil photo, qu’est-ce qu’il fout là ? De la propagande ? Pourquoi ces photos sont-elles primées ? Doit-on avoir les yeux sur la violence pour y croire ? À quand l’odeur associée ? Si seulement, tout cela cessait… Plus jamais ça, dit-on ?
Quand le niveau d’horreur dépasse l’entendement, je me détache. Je décroche. Mon cerveau se protège. Sinon, je deviens folle. Quelque part, trop d’horreur tue l’horreur. Est-ce l’objectif de WPP, anesthésier le public et rendre la violence supportable ?
Je ne comprends rien. Je suis d’une autre époque.
Moi, j’aime la photo de cette femme (Micah Albert, USA), assis sur une montagne de détritus qu’elle doit trier. Dans cette décharge qui la fait vivre, elle s’accorde des pauses au hasard des livres et des catalogues qu’elle trouve. Ça n’enlève rien à son drame quotidien, mais elle s’évade autrement. Magnifique.