1. la taille de la maison. 200 m2. Trois étages, cinq chambres, une chambre d’amis, deux salles de bain, une cuisine assortie de sa salle à manger pour 15, au quotidien… 6 personnes et un caniche. Et l’horreur, un sous-sol. Terrible le sous-sol ! Un bureau à domicile, des bons vivants amateurs de papier – des tonnes de magazines sur chaque coin d’étagère – des sportifs qui s’équipent pour tout, un artisan avec son atelier à domicile. Pourquoi on accumule autant ?
2. le nombre de participants. Quatre filles et un p’tit mec qui compte pour ses trois soeurs ! Et moi, mon énergie dévastatrice, mes bras trop musclés, mes robes fleuries (c’est l’été, oh), mes souliers à talons – et les gamelles dans l’escalier – le refus de concéder à l’élégance, mes montées de lait… vas-y et souris. Mon nouveau crédo.
3. les amis, leurs propositions, leur sourire. Ils y a ceux qui disent qui viendront et qui ne viennent pas; Ceux qui ferment leur gueule, mais débarquent avec leur bonne humeur et leurs gros bras – mes préférés. Ceux qui passent pour voir, et prendre rendez-vous pour un café en regardant de haut les montagnes de bordel. Ceux qui viennent avec bienveillance… me saluer. À tous, merci. Dans la vie, on fait ce qu’on peut, et ça me va.
4. la vente de garage. Braderie, vide-grenier, appelez-ça comme vous voulez. À la base, j’aime pas. Dans le feu de l’action, je m’éclate. « Grande liquidation » « Tout doit être vendu », mes devises du jour. Aucun sentiment, mais des prix ridicules. Des acheteurs morts de rire. Des meubles, des objets, des bricoles qui disparaissent de minute en minute. Notre sourire qui s’élargit. Notre drive way qui se vide. À 9h02 la première cliente. À 16 heures, c’est fini. Il reste les… cochonneries dont personne ne veut encombrer son garage, les VHS de Disney, les vieux CD passés date, des draps 1 place, des bouquins de ressourcement personnel, des jouets sales, des déguisements des derniers Halloween, des skis trop petits. Merde, j’ai oublié plein de trucs. Tant pis, je ne recommence pas. Je suis vidée.
5. vous manquez d’amis, placez une annonce sur kijiji. Tout ce que j’ai annoncé a été vendu dans les 12 heures. Un truc de fou. Bon, il faut demander un prix ridicule : pour 10 boules, vous recevez 30 appels. Marrant, à 300 $, voire 800 $, il y a beaucoup moins de demandes.
6. les malades de la petite annonce. Autant le dire clairement, il faut avoir les nerfs solides. Chaque annonce sur un site de vente provoque beaucoup d’appels. Toi qui trime toute la journée à trier, jeter, classer, disons que ça gonfle.
Mais le client est roi.
– Bonjour madame, oui, le meuble de rangement, ah désolée, il est vendu; – oh non, c’est pas possible, je le voulais tellement (larmes dans la voix)… Non mais là, on parle d’un truc à 10 balles, une étagère Ikea quoi, un truc ordinaire.
Une autre version : – Bonjour madame, votre meuble à 10 balles, à quel prix vous me le faites ? – Ben, 10 balles, il est en excellent état et déjà 10 fois moins cher que le prix neuf. – Quoi, vous ne voulez pas marchander ? – Ben non, mec.
Ou encore (variation sur un même thème) : – Bonjour madame (c’est fou ce qu’ils sont polis), votre meuble a 10 balles est-il en excellent état ? – Mec, si tu cherches du neuf, tu vas payer 100 balles, fait qu’après tu choisis !
7. le déménagement responsable, c’est fatiguant ! Ouais, je suis comme ça. En fait, je ne peux plus être autrement. Au coeur de mon déménagement : le tri. Ce que je garde, ce que je vends, mais aussi, ce que je donne et finalement, ce que je jette… à la déchetterie/ éco-centre. Après presque deux semaines, je n’ai RIEN mis à la poubelle. Pas mal quand même. J’ai fait amie/ami avec les mecs de la déchetterie, et ceux de Renaissance et autres Armée du salut de la planète. J’ai offert toutes les cassettes de Disney et plein de jeux éducatifs à l’ancienne garderie, je leur ai même refilé le lecteur de VHS, tant qu’à faire. J’ai appelé partout pour la literie. Même l’Accueil Bonneau n’a pas retourné mon appel, tant pis, mes montagnes de couettes, de draps et de serviettes quasi neuf ont fini chez Renaissance. C’est plus long, mais vachement bon.
8. l’émotion…. quelle émotion ? Tout le monde me pose – distraitement – la question : dis-donc, ça ne doit pas être facile… émotionnellement ? Non. Moi, ça va. J’ai craqué au tout début. Je me suis effondrée devant le premier agent immobilier qui a mis un pied dans MA maison. Puis j’ai mangé des sushis, j’ai bu du saké, ma copine m’a fait rire. Une maison, c’est un amas de briques. Les souvenirs restent vivants dans notre corps, notre âme, notre coeur. L’atmosphère familiale, l’ambiance auberge espagnole, tout ce plaisir spontané et presque quotidien sera reproduit ailleurs. C’est moi, ça. Ça ne changera pas.
9. mes enfants sont dans le portrait. « Waouh, tu pars au Canada, bonnes vacances ! » Ils sont gentils les Français. Où ça des vacances ? P… j’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. Cinq semaines (ou presque) le pied dans le plancher, à fond, vraiment à fond pour respecter les échéances.
10. simplicité volontaire : j’ai tout vendu. Enfin, tout Ikea. Notre maison, modèle directement sortie d’un catalogue. J’ai tout viré, jeté, donné. Je suis ravie.
11. le bonheur par le vide ? Dans trois jours, la maison sera vide. Comme lors de l’emménagement, le 23 décembre 2006. J’erre d’une pièce à l’autre : aucun meuble, aucun bibelot, aucune personnalité. Juste des boites/ cartons, empilés dans la salle à manger, qui a arrêté d’échoter pour l’occasion. Pourtant, la maison nous transpire. J’aime ça. Parce que ces briques qui nous ont hébergés, réchauffés, réunis, resteront dans nos valises et dans nos coeurs. Loin.