autres promenades visuelles

Ce samedi, il fait beau. Beau, mais frais. Nous grelottons dans nos habits d’été, sortis trop tôt. Dans la rue, les manteaux tardifs côtoient nos premières robes, les bottes observent mes jambes déjà nues. Le déjeuner en terrasse s’achève en salle, avant que la pluie gâche nos magrets. La digestion s’entame Cours du Médoc à la galerie Arrêt sur l’image. Un lieu dédié à l’art contemporain : plancher en asphalte, poutres d’acier et colonnes de soutien apparentes. Les néons suspendus oublient d’être agressifs. Architectes et artistes se partagent les tablettes d’une large bibliothèque. Et l’expo dans tout ça ?

IMG_5961 Olivier Brossard et In a deeper road. Des photos en noir et blanc, prises au travers d’un pare brise. En haut de chacune, l’épaisse ligne teintée caractéristique. Une dérive en ombres et courbes comme un rêve d’Amérique décalé. Mais qu’est-ce que je dis, là ? Je me prends pour la rédactrice de la vignette d’introduction : IMG_5963

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Nous quittons l’Est des Chartrons. Ah non, le Nord. Mais où est la Garonne ? On se perd vite dans Bordeaux. Nous suivons le tram, tout droit comme les rails. À droite, le nouveau pont Chaban. Les locaux l’appellent Ba-Ba, pour Bacalan/Bastide, les deux quartiers reliés par l’élégant ouvrage d’art. J’arrive en zone inconnue. La rue et le tram ne font qu’un. Je roule presque sur les rails. Je n’aime pas du tout. L’environnement industriel est ponctué de chantiers de construction. Les immeubles d’habitation poussent comme des champignons, entre les traditionnelles girondines basses et jaune. Les petits jardins vivront bientôt à l’ombre des tours. Il faudra changer les vivaces. On trouve l’adresse de la prochaine exposition : Act’Images, 190 rue Achard. Arrêt : New York.

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Dans le petit local activiste, où les formations succèdent aux ateliers, les photos d’Emmanuelle Coqueray, Terrain vague, s’intègrent parfaitement, à cet espace inattendu :

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J’ai l’impression d’être en Floride. Je n’y suis jamais allée ! Mais l’impression persiste. Les couleurs, sûrement. Mondrian a-t-il voyagé à Miami ? Et seulement mis les pieds à Bordeaux ? Maintenant, le soleil ne craint plus l’eau. Il brille et me réchauffe enfin. Aucun bruit. Pas même le pépiement d’un oiseau. Rien. Zone franche urbaine. Belle découverte, qui nous conduit en toute logique, vers la Base sous-marine.

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En parallèle des Itinéraires des voyageurs photographes, Fragments présente les sculptures de l’Italien Paolo Della Monache mises en scène par Benoit Felici. Je présente d’avance toutes mes excuses aux deux artistes dont j’ai vraiment aimé le travail. Il est bien écrit à l’entrée de l’exposition qu’il est interdit de prendre des photos. Je n’ai pas pu résister, et mes piètres images se veulent de simples points de repère. Ici, une tête de bronze – la matière fétiche du sculpteur, repose au pied d’images de nature urbaine : murs végétaux, nuages dans le ciel azur, fumées de hauts fourneaux. La ville dans ses contradictions, et la pensée inanimée de l’homme.

IMG_5982 IMG_5983 Plus loin, cette forme masculine constituée d’un assemblage de carrés de bronze (pas certaine de la matière), dont l’ombre s’intègre dans un paysage italien. Là encore, la limite entre campagne et village reste floue. Sur la bande son, un homme parle. Deux canapés permettent aux visiteurs de s’installer, contemplatifs, devant le défilement des images. Un rappel pour nous d’une exposition vue à New York, où nous avions dormi au coeur d’une beignet géant en tissu, tout en regardant une succession de gros plans d’insectes. Si, c’est vrai.

IMG_5984 IMG_5985 Dernière salle marquante – pour le coup, la photo est vraiment ratée – et la reconstitution d’une ville avec de drôles d’immeubles baroques, construits en épais carton d’emballage, peints aux couleurs aujourd’hui ternies des Cinque Terre. Toujours des effets d’ombre et de lumière, qui laissent apparaître, au hasard d’un savant montage, l’Italie natale.

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À voir, même s’il faut braver pour ça, les courants d’air et l’humidité ambiante des bassins de la BSM.

En cherchant un mot, je découvre que ces lieux « impressionnant vestige de la deuxième Guerre Mondiale » ont été imaginés en 1940 par les états-majors allemands et italiens, sous la direction de l’Amiral Angelo Parona. Les premiers sous-marins accueillis seront tous italiens. Clin d’oeil historique donc, que cette exposition qui invite à la réflexion sur l’état du monde.

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