Périgord, première. J’étais convaincue que Sarlat était le Saint-Graal du tourisme du Sud-ouest. Trop loin pour y envisager un simple week-end ? Quelle sotte ! À deux heures de la maison, nous avons découvert un village magnifique, une ambiance chaleureuse et conviviale, des gens adorables, des produits gastronomiques du terroir à se damner, des vallées verdoyantes qui ondulent au gré de la Dordogne, des châteaux, des maisons troglodytes, des gabares qui naviguent vaillamment. Vite une autre fin de semaine, qu’on y retourne !
C’est quoi Sarlat ? m’a demandé une amie. Un joyeux mélange entre Saint-Émilion, pour le look, et Bazas, pour l’atmosphère grouillante du marché du samedi matin. Un coeur de forteresse médiévale avec un dédale de ruelles entre des maisons en pierre blond roux, des églises romanes et une cathédrale aux clochers vertigineux, de sombres figurines taillées dans les angles de murs, des pavés loin de la mer.
Sarlat ? Un lieu culte de la cuisine française, purgatoire des végétariens, bastion de la volaille sous toutes ses formes : oie et canards se consomment en terrines, pâtés, grillons, saucissons, foie gras, cassoulet, confits… Au marché, leurs étals ponctuent ceux de fromages et de gâteaux, miel et huiles aux noix, autre spécialité locale. Heureusement, c’est le printemps, on trouve aussi des asperges !
« Enfin, il faut savoir se contenter d’une salade, » nous rappelle un marchand, « sinon, le corps ne tient pas le coup ».
– « Quoi ! C’est pas gras le confit » réplique culte du Bonheur est dans le pré, le film d’Étienne Chatiliez (1995).
Notre lunch du samedi était tellement… riche, qu’on a roupillé tout l’après-midi au soleil, ratant une superbe journée de printemps. La fièvre des débutants !
En pleine digestion, nous avons quand même poussé nos roues vers le charmant Roque-Gageac, un village coincé entre la falaise et la rivière Dordogne, jumelé avec un cousin québécois. Inattendu de voir le bleu turquoise du fleurdelisé au mât des bateaux qui promènent les touristes !
Quand on parle de flanc de montagne, on ne traduit pas précisément la réalité : ici, les maisons sont DANS la roche, ou s’y appuie tellement qu’elles semblent y prendre racines.
Malgré la pluie, vengeance le dimanche, avec un vrai problème : que choisir parmi les châteaux, grottes, gouffres, villages médiévaux et toute la batterie d’activités proposées dans la région. La météo appelait l’intérieur, tant pis pour les Jardins de l’imaginaire et de Marqueyssac, nous avons tenté Milandes, après une pause à Montfort.
La Château de Milandes a été la demeure de Joséphine Baker. C’est beau, ah, c’est beau ! Pourtant, un petit détail a rapidement gâché mon plaisir.
Joséphine Baker a été par son talent, son charisme et sa véritable volonté de créer un monde meilleur, une femme exceptionnelle. Elle a adopté 12 enfants, elle a participé activement à la Résistance, elle s’est affirmé en féministe altruiste. Surtout, après son mariage avec Jo Bouillon, elle a voulu faire du château de Milandes un havre de paix, une tour de Babel créative et heureuse, recevant artistes et personnalités au gré de fêtes et repas généreux. Ce train de vie démesuré a laissé la chanteuse sur la paille, contrainte de vendre ce paradis humain qu’elle avait imaginé et animé; elle est morte ruinée…
Même si quatre propriétaires se sont succédés depuis le rachat de Milandes, j’ai trouvé l’exploitation actuelle par la famille De Labarre excessivement mercantile. Découvrir Joséphine Baker est la seule motivation des hordes de touristes. Partout des portraits, des photos, des dédicaces et des panneaux interdisant de prendre des photos. D’une salle à l’autre, la chambre, les salles de bain, la cuisine, les costumes de scène et de ville de cette femme qui a sublimé les scènes des cabarets les plus prestigieux de l’époque. Ses chansons s’égrènent au fil de la visite : J’ai deux amours, La Tonkinoise, etc.
Pas un centimètre carré qui ne lui soit dédié, pas un espace qui ne soit payant. Ou comment faire de l’argent sur le dos de quelqu’un. Lugubre rapace. Nombreux dans les jardins de Milandes, les grands ducs, pygargue, et faucons sont mis en spectacle trois fois par jour hors saison. On ne sait pas trop pourquoi, au fait ?
Quelque chose me gêne dans cette mise en scène. Comme si cette femme à la générosité exemplaire, était vidée de son sang.
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On s’interrogeait, la Dordogne : bourgeoise ou Bo-BO ? Après le passage devant ce château… privé, avec SA chapelle, et SON cimetière (ouais, je ne m’en remets toujours pas), j’ai opté pour redoutablement friquée, tendance aristo !!
Imaginez le contrat pour changer les fenêtres et opter pour du double vitrage !
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Découvert la chaîne de camping Indigo. Super. Des emplacements pour tente et camping-cars, mais aussi des maisonnettes en pierre, des mobil-home, et des tentes aménagées grand-luxe (façon Huttopia au Québec) avec douche, cuisine et lits montés sur une plateforme couverte de toile. Piscine extérieure, et intérieure, tennis. Le tout à prix raisonnables.