Ce matin, le poignet d’Yvette fatigue. Près de trois heures de repassage.
47 t-shirt, 28 culottes, 6 pantalons, et même 12 serviettes de bain. Tous les vêtements de la famille sont noir. Coton, lainage, nylon… Une seule consigne : noir. Comme un dress code implicite, ou les murs extérieurs de la maison.
Serait-il chanteur de rock ? Architecte ? Photographe ?
Uniforme quotidien. Pas de questions à se poser devant le placard : pantalon noir… ou noir ? Humm, je crois qu’aujourd’hui, je mettrai un t-shirt noir, tiens, pour changer.
Ça lui rappelle cette copine qui était partie en vacances à la plage avec douze maillots de bain. Douze. Ce bazar chaque baignade : des heures de choix, une perspective longue à endurer pour les spectateurs. Alors que là, fastoche. monsieur, madame, chacun peut prendre des vêtements dans l’armoire, les yeux fermés. Une technique comme une autre pour développer ses sens.
Après, quand la lumière décline et troque sa luminosité estivale pour l’ébauche blafarde de l’hiver, bof, le noir donne une mine basse. Tous les goûts sont dans la Nature, se dit Yvette. En attendant, elle prendrait bien un cours pour apprendre à plier le linge, comme dans les boutiques, mais ça, c’est une autre histoire.