Ce matin, mélodrame. Maurice est tout chose. Vague-à-l’âme. Il sourit à peine à l’arrivée de la dame de compagnie. Il végète absent au fond de son fauteuil incliné. Une question, deux questions… pas de réponse. À peine s’il se lève pour prendre le petit déjeuner : 4 biscottes beurrées et miellées, trempées dans du thé vert. 1 sucre. Aucune réaction aux blagues d’Yvette. Stupides, certes, mais d’habitude…
À peine sa femme quitte la cuisine que Maurice émerge de sa torpeur :
« Quand je suis allé sur Internet hier, et bien je n’ai pas pu y aller justement… »
« Je n’ai pas honte vous savez. Elles sont drôlement jolies ces femmes, il y en a qui gagnent beaucoup d’argent… »
« Et bien quelqu’un m’empêche de les regarder ! »
Il est dépité. Triste aussi. Et choqué. Son cou n’a plus de tonus, le menton pendu sur le torse, il a la mine basse.
« C’est quelqu’un qui en veut à ma femme… Vous savez, Yvette, combien j’aime les femmes ? Mais la mienne -la pauvre- a bien souffert… Alors là, je la dérange, elle n’aime pas ça. »
Pas très clair tout ça. Abscons, même. Reste son air de chien battu, et surtout une question : qui dérange-t-il en se paluchant devant son écran ? En tout cas, il laisse les hommes en tout état de virilité bien rêveurs : on bande encore à 90 ans ? Mais ça, c’est une autre histoire.