anniversaire

Je vis sans alcool. Ça fait trois mois. Je n’ai pas de mérite, je n’y pense même plus. Reste que j’ai arrêté de boire -en vivant en Gironde- sans raison médicale, sans alcoolisme diagnostiqué. Je me suis libérée de l’alcool, et ce n’est pas simple.

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À travers ce choix, je me découvre. Pour une fois, je suis fière de moi.

IMG_4933À la base, un ras-le-bol. Les matins bouche pâteuse. Les réveils à 4:00. Les maux de tête. L’amnésie du soir de la veille, et les lendemains de questionnements : qu’ai-je dit-écrit-fait ? La fatigue grandissante, la mémoire défaillante, les palpitations cardiaques, les batteries épuisées.

IMG_4932Puis, le coût, proportionnel au besoin. Les savants calculs : y-aura-t-il assez de bouteilles ? Nous serons 2, 4, 12, 36, je veux être sûre de boire comme je veux. Je buvais pas … tant que ça. Mais à 1,54m les bras levés, les effets sont rapides.

IMG_4931C’est quoi, trop ? Boire trop ? Pour moi, c’était boire de l’alcool -essentiellement du vin rouge, quelques rhums, parfois du champagne- tous les soirs, de plus en plus, puis de plus en plus souvent les midis (les vacances, les week-ends, la semaine aussi au restaurant, ou avec des amis). Cette accoutumance m’a soûlée !

IMG_4930Après deux ans à y penser de loin, un matin, je me suis levée en me disant : « maintenant, j’arrête de boire ». Voilà. Point. Ce n’est pas tout à fait vrai. La formule a été plus précisément : « ma nouvelle vie est sans alcool. » Une façon plus positive de voir la chose.

IMG_4929Aujourd’hui, ça fait six mois.

J’en parle quand je croise d’autres non-buveurs : ceux qui n’ont jamais bu -n’aiment pas le goûts, ou les effets; ont vu trop de copains déraper; question de religion ou de philosophie de vie-, et ceux qui ont arrêté, avec ou sans aide.

IMG_4928J’évoque la démarche avec les alcool-free, parce que les autres ont plus de mal 1. à comprendre, 2. à accepter.

– « mais, tu ne buvais pas tant que ça?!  »

– « mais, je ne t’ai jamais vu bourrée ?!?  »

– « mais, tu ne boiras plus jamais ?!?  » (ah la la, combien de fois l’ai-je entendu celle-là?)

– « mais….

Quand un pote arrête de fumer, tout le monde l’encourage, le félicite, salue son initiative, son courage, sa vertu. N’en jetez plus, la cour est pleine. Quand t’arrêtes de boire… il y a un « mais ». Peu d’encouragements, encore moins de félicitations, quant au courage…

IMG_4849Accepter celui qui arrête, le réconforter et l’appuyer, demande de l’empathie et de la lucidité personnelle. (Mes amies vous êtes tellement merveilleuses). Trop confrontant pour un paquet de gens. Boire un coup est socialement acceptable, politiquement joyeux, et amicalement fédérateur. On boit heureux (ou malheureux, mais ce n’est pas mon truc), on boit événement, on boit célébration, on boit récompense, et on recommence. Toutes les occasions sont bonnes. Elles ne manquent jamais.

IMG_4806La récompense… La plus dure à oublier. Je rentre de ma journée, je suis contente, j’ai bien travaillé, je prépare le repas, hop 1 verre, 2, 3 si s’ajoute un dessert. Je passe à table, le vin est bon avec tout. 4, 5, 6. Les enfants montent se coucher, c’est le temps de relaxer. 7, 8, 9. Je ne suis pas ivre. Je fonctionne. Je parle, je ris. En fait, je ne suis plus là. Déjà. Mon cerveau s’est éteint, pas fou. Il se protège. J’avance au radar. Automatismes. Des années que ça dure.

IMG_3436Combien de fois j’ai pris le volant, sans me souvenir, arrivée chez moi, que je venais de conduire ? C’est juste plus possible.

IMG_3434J’aurais adoré être une buveuse de circonstance, de celles qui se contentent d’un verre de temps en temps, avec le sourire, et le plaisir d’être comblé sans réclamer plus. Comme ces fumeurs qui volent gentiment une cigarette en soirée, mais qui n’achèteront pas un paquet parce que ça ne leur effleure pas l’esprit de fumer chez eux…

IMG_2021Je ne suis pas comme ça. Pour mes 30 ans, j’ai arrêté de fumer (aussi radicalement) sans aide. Vingt ans plus tard, … Comme chantait Desjardins « j’deviens une bonne fille, pas d’alcool, pas d’tabâc »

IMG_2022Quand je le raconte, ça semble vachement facile. Pas tant. Les trois premières semaines sont rudes : le cerveau réclame, se souvient, utilise les pires ruses pour me faire craquer. Il fait comme il a toujours fait : cherche la satisfaction immédiate. Pour moi, le pire était les rangées de bouteilles au supermarché. Je cherchais LA promotion, et aussitôt me souvenais des cépages, des crus;

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Le corps réclame lui aussi son sucre quotidien. Je n’ai jamais mangé autant de gâteaux et autres sucreries que pendant ce sevrage (heureusement, je ne bois QUE de l’eau gazeuse, je n’aime pas les jus de fruits, ou pire les Coke et autres boissons sur-sucrées). Ça passe.

Un jour, j’ai réalisé que je n’avais plus « envie »; Petit effet secondaire ? L’odeur de l’alcool -mon flair de labrador s’est exalté (comme si j’avais besoin de ça)- me dégoûte.

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Ma vie est-elle plus ennuyeuse ? Très honnêtement : non. Cet aspect m’a fait peur, et je ne voulais pas devenir la fille qui casse la fête (avec les premiers resto, invitations à dîner/souper, apéros des voisins, etc.). Non. Si certains le pensent, tant pis pour eux. Je suis heureuse avec ma décision. Je retrouve l’énergie, la mémoire, le sommeil. J’ai l’impression de me faire du bien, de m’être fait un magnifique cadeau.

Je salue mon amie qui, m’a suivie tout aussi discrètement et humblement. Joyeux anniversaire de trois mois !

 

 

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