On n’en avait entendu parlé… On y est allé. Oups, pardon, Fred était venu il y a 25 ans sans s’en souvenir ! Le marché de Bazas est un haut lieu de convivialités en tout genre chaque samedi matin. Un genre de club social en plein air! À l’oreille, on entend toutefois nettement la différence entre les locaux dont le rythme chante et les touristes aux intonations parisiennes (tout ce qui vient du nord de la Loire finalement).
Le marché est une de mes madeleines. Il évoque le Sud, les vacances, mes étés d’enfant, ma grand-mère, son jardin et tout ce qui vient avec: les tomates fraîchement cueillies au réveil, les oignons, les concombres, et les fruits pris sur l’arbre, les figues sucrées, la kakis tombant de maturité, les cerises à la tonne. Et on s’étonne que j’aime manger? Ma grand-mère italienne cuisinait divinement – des quantités gargantuesques qu’on devait terminer au risque de l’insulter – sa pizza fait encore saliver toux ceux qui l’ont goûté un jour. Dans son jardin, tous les légumes étaient saturés de soleil, gorgés de saveurs et de parfums. J’en ai développé un besoin viscéral de goûts prononcés.
Aujourd’hui, j’achète l’essentiel de mon épicerie au supermarché, je dirais bien comme tout le monde. Gain de temps, gain d’argent (je pique cette réplique à Airplane/ Y-a-t-il un pilote dans l’avion?). Les fruits et légumes y sont majoritairement importés toute l’année. Pour supporter le transport, ils doivent être cueillis avant d’être mûrs. Comme ils ne risquent pas plus de mûrir dans les réfrigérateurs où ils sont entreposés, et bien… ils n’ont aucun goût. Parfois, je me pousse jusqu’au Marché Jean-Talon. Là encore, mes papilles restent sur leur faim. D’autant que les Nord-américains préfèrent les fruits fermes, qui se tiennent bien, qui font propres sur eux.
Bref, à chaque retour en France, où que je sois, je vais au marché. Parce que c’est le haut lieu de rassemblement des petits producteurs locaux. Plus la ville compte d’habitants, plus son marché hebdomadaire est vaste: en plus des aliments, on y trouve des vêtements, des chaussures, de la quincaillerie de cuisine. Plus la ville est touristique, plus les artisans du coin viennent y vendre leurs articles (je pense aux paniers en osier, aux plats de service en céramique, aux nappes en coton avec des motifs régionaux, etc.). Surtout, tous les kiosques sont… appétissants 😉
Aujourd’hui, pareil. je me suis retenue pour ne pas acheter le comptoir de la poissonnerie au complet. Idem pour la pain, rebelote à la charcuterie Chez Lulu. Non mais, ça ne se peut pas; tout a l’air tellement bon. Alors on essaye, on achète… Fred demande 20 tranches de jambon de pays, toute la file s’esclaffe « 20 tranches? ». Du coup, il les demande très fines… « ah, de la chiffonnade? » répond le producteur, « je ne peux pas faire plus mince ». Ben non, toi, ses tranches les plus fines font 1/8 de pouce, et les clients normaux demandent des tranches qui font au moins 1/2 pouce !!!! Des steaks 😉
Ce soir, pour notre souper/dîner, nous avons testé : roussette à la plancha, fondue de pâtisson à l’ail, spaghettinni vierges, salade fraîche aux herbes et … desserts (sans intérêt)… et vin pour les grands. Non mais c’est redoutable, n’importe quelle bouteille de supermarché est à tomber et coûte… 4 euros (5,5 $). Et encore, nous n’avons pas acheté de vin de producteurs au marché. Et bien, tout notre souper était incroyable.
Pas encore aux desserts sans avoir grignoté une feuille de salade, je demandais grâce ! Mari et fils ont continué avec le fromage de brebis. Je ne sais pas, ce sont des estomacs ambulants…
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Des noms d’associations locales qui me font bêtement sourire : la Sève sud-Gironde, La Gaule grignolaise…
Et je ne parle pas de ceux de certains villages : Pompejac, Lapine, Lannus… ça ne s’invente pas.