Ça faisait des mois qu’on la regardait de loin. D’en face précisément, du Cap Ferret où nous aimons traîner hors saison. De l’autre côté du bassin d’Arcachon. Un dimanche de fraîcheur ensoleillée, nous avons débarqué aux pieds de la dune du Pyla. Quand j’étais petite, on disait qu’on y surfait. Il y quelque chose qui tient du fantasme, du surf sur du sable, la pente doit être impressionnante.
Avant d’y arriver, il faut toutefois affronter les hordes de touristes. Un truc de fous. On se croirait à Disneyland. Partout dans le parc stationnement, des boutiques en bois qui vendent toutes les cochonneries possible, faites en Chine et en plastique. On passe, vite. Au pied des marches, le rythme ralentit. L’inclinaison est spectaculaire. Les Asiatiques, élégantes quelles que soient les circonstances, enfoncent leurs talons aiguilles dans le sable mou. Les enfants évitent l’escalier et crapahutent en hurlant de joie et de douleur. Ça monte, raide.
Comme dans tous les lieux hautement touristiques, l’embouteillage se produit surtout au début. Tout le monde s’amasse en haut de l’escalier, pousse un peu plus loin. Sort l’appareil photo, immortalise l’instant. Et… redescend.
Comme nous sommes des vrais « trippeux », naturellement enthousiastes, heureux de découvrir un site exceptionnel. Nous traînons. L’idée étant de marcher sur le sommet le plus longtemps possible. Le Pyla est la plus haute dune d’Europe. Est-elle la plus longue ? Il fait froid, le vent souffle en rafales, nous ne vérifierons pas.
La magie vient de la rapide sensation d’isolement. On pourrait rapidement se croire en plein désert. Seuls au monde. Un côté Petit Prince pour qui n’est jamais allé dans le vrai désert. Où sont le renard et le serpent. L’allumeur de réverbère croisera notre chemin à la tombée du jour : le soleil s’éteindra d’un coup après s’être éternisé parmi les nuages. Oui, on a vu ça aussi.
Lieu de contrastes : au coeur d’une forêt, un désert de sable, qui plonge dans l’océan. On se gave d’images. Les enfants jouent, courent, rigolent. C’est la fraîcheur du soir qui nous chassera de cet endroit, un peu hors du commun, dont le souvenir s’est imprimé quelque part entre réel et lunaire.