Miroir, joli miroir, je ne te demanderai pas qui est la plus belle… je m’en moque. Par contre, si tu pouvais me dire où nous vivrons après le 20 juillet ! Ça fait trois mois qu’on mouline avec ça, et là, franchement, ras le pompon.
Premier choix : retourner au Québec ou rester en France? Déjà, on bloque.
Nerf de la guerre, le fric. Nous n’avons objectivement pas les moyens de rester. Parce que ça suggère la recherche d’une maison, l’achat de meubles – ou le transfert en container des nôtres, l’achat d’une, voire de deux, voitures (c’est ça la vie écologiquement responsable à la campagne).
C’est vrai aussi que mes grandes filles nous manquent. Je trouve difficile de ne pas partager les épreuves qu’elles affrontent en entrant dans leur vie d’adultes. Les amis aussi. Ah, mes copines vous êtes loin. Le petit téléphone les jours de coup de blues, les échanges sur les enfants et le quotidien, les sorties et les activités, c’est ça la vie. Le bateau, les pommes, les semaines à Cape Cod, les cafés du Mile-end, le trotting sur le Mont-Royal, le ski à Bromont, alouette. À côté de ça, je n’ai pas encore envie de retrouver le froid, les ponts qui tombent, les grandes phrases du provincial et la politique absurde du fédéral. Alors, je veux mais est-ce qu’on peut, scrogneugneu.
Suite logique…
… Si on reste : au village ou près d’une ville, avec la question subsidiaire… quelle grande ville?
Un truc est sûr. Nous ne resterons pas au village. Je suis trop urbaine pour ça, et Fred a réalisé que… lui aussi 😉 Je tourne en rond, je m’ennuie – l’hiver n’aide pas – j’ai perdu toutes mes routines; rien à faire ça ne me va pas. En revanche, il y a le bien-être de notre fils. Après une année de cauchemar à Montréal, il a trouvé l’équilibre. L’école primaire est enfin dissociée de l’inquiétude et de l’échec. Je soupçonnais qu’il avait tout à gagner, ça se vérifie quotidiennement. De plus, maintenant qu’il est dans le système de la MDPH (Maison des personnes handicapées), il bénéficiera d’une AVS (aide à la vie scolaire) quelle que soit l’établissement qu’il fréquente. Dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres, il restera inscrit dans son école actuelle. Formidable, sauf que les coupures du gouvernement vont supprimer une des cinq classes. Résultat, sa prochaine classe comptera 27 élèves au double niveau CE1/CE2 (2e et 3e année). Rendu là, une autre école sera peut-être tout aussi satisfaisante. Comme nous l’a dit l’éducatrice spécialisée (équivalent orthopédagogue), « vous ne pouvez pas décider de l’avenir de la famille en fonction d’Elia, c’est une pression trop lourde pour lui ». Il reste bien l’équitation mais j’imagine qu’on peut trouver un autre club!
Maintenant la ville. Bordeaux reste le choix le plus cohérent. Nous avons des amis, nous y connaissons quelques personnes. Nous commençons à avoir des points de repère. Surtout, la perspective de développer les Jules pendant plus de cinq mois est pas mal plus motivante. La région est sympa. On n’aura pas l’impression de tout recommencer à zéro. Sinon, il reste Montpellier, Marseille, Aix, Avignon… Rien au nord de la Loire, faut pas exagérer non plus 😉
à suivre…