Cette 265e aventure du Poulpe – « personnage libre, curieux, contemporain… ni vengeur ni représentant d’une loi ou d’une morale » – présente des vieux en colère. Les acteurs des attentats qui déciment l’élite française ont tous plus de 80 ans… Il n’en fallait pas plus pour que ça me plaise!
Tout commence par des pieds de porc que le patron du resto ne sert plus, faute de clients pour les manger. Grand amateur de ce plat, Le Poulpe décide de sortir Gaspard et ses copains de leurs maisons de retraite et de les réunir pour relancer la spécialité. Les retrouvailles vont ressurgir les souvenirs et les rêves disparus. Ils sont montés aux barricades pour être libres… La réalité d’aujourd’hui les déprime. Et s’ils passaient à nouveau à l’action? C’est toujours mieux que de crever d’Alzheimer parmi les grabataires.
Plusieurs auteurs célèbres se sont frottés au Poulpe – Marcus Malte, Didier Daeninckx, Romain Goupil – aussi connu pour ses titres aux jeux de mots improbables : Je repars à Zorro, Macadam Cobaye, Meufs mimosas, Docteur j’abuse, j’arrête il y en a plus de 260 comme ça. La série est construite autour d’une bible d’une précision chirurgicale, le premier chapitre doit être comme-ci, une marque doit être annoncée autour de la page tant, etc. Après il reste le style, toujours gouailleur, ciselé, parisien… Jean-Paul Jody est tombé dedans quand il était petit, j’imagine que pour lui, l’exercice de style a été une partie de plaisir.
Et puis l’histoire. J’ai immédiatement fondu pour ses vieux… peut-être les ai-je reconnus? Je les aime ces combattants qui se sont battus pour des idées. Ils n’avaient pas peur ni pour eux ni pour les biens qu’ils ne possédaient pas. Ils ont affrontés les Nazis, les dictateurs. Dans le maquis, dans la clandestinité, ils ont lutté, ils ont résisté. Moi, je les admire, peut-être à leur place n’aurais-je pas eu le courage ou l’audace de les imiter. C’est toujours plus valorisant de se voir en héros, mais je n’en ai pas l’envergure…
Ces vieux qui ont chacun leur histoire, sont en colère, autour d’eux ils voient des patrons qui licencient avant de se retirer sous des parachutes dorés. Ils voient un pays pour lesquels ils ont versé leur sang et qui n’est pas foutu de les remercier, des banquiers qui mettent la population au tapis, etc. Ils sont humains, vivants. Alors ils font ce qu’il faut pour exprimer leur mécontentement. C’est un peu radical, ouais mais ça réveille.
Je sais que ce livre n’est pas représentatif de ce qu’écrit JPJ, mais c’est un bon début. Au suivant…