Ça me fait « grurler » (grogner et/ou hurler)! En France, la vie s’arrête le dimanche. On fait comme on a toujours fait, point. Depuis longtemps, peu se consacrent encore à Dieu, néanmoins tout est fermé. Je me souviens du branle-bas de combat qu’avait suscité, au Québec il y a 20 ans environ, l’autorisation d’ouvrir les commerces le jour du Seigneur. Et bien ici, pareil. Le débat semble amorcé à l’Assemblée nationale. Il ne paraît pas prêt d’aboutir. Mon beau-frère me l’a dit : « t’es mieux de te calmer, parce que ça ne changera pas. »
Bouger les mentalités françaises reste un défi titanesque! Aujourd’hui c’est dimanche. Nous sommes dans un village aux pieds des pentes de ski à une douzaine de kilomètres d’une petite ville. Les locations de chalets commencent et terminent le samedi, comme un peu partout du Québec aux États-unis. On s’entend que la région tire le gros de son activité économique pendant les quatre mois de la saison hivernale (de janvier à avril grosso modo). Malgré tout, les supermarchés et autres commerces d’alimentation n’ouvrent pas le dimanche après midi!
Voilà t’arrive dans ton chalet loué au prix fort, tu t’es cogné pas mal de centaines de kilomètres pour venir. Si tu n’as pas pensé à faire tes provisions avant de partir, et bien tu poses tes bagages et à peine arrivé, tu te précipites parce que… le lendemain, le dimanche, tu ne pourras pas les faire. Il reste bien l’épicerie du village, si vous avez les moyens de payer quatre fois le prix des produits du supermarchés.
Je me demande si ce n’est pas arrangé avec le gars des vues. Et oui, forcément, puisque vous n’avez pas de quoi vous préparer un pique nique, pas le choix, vous allez au restaurant ! La douloureuse est salée quand vous y débarquez à plusieurs familles avec une batterie d’enfants, ou pire, d’ados qui dévorent après des heures sur les pistes.
Nous avons trouvé un magasin de sport ouvert. Quetchua pour ne pas le nommer, la déclinaison montagne de Decathlon. Quand nous avons demandé à la jeune caissière où nous pourrions acheter à manger, elle nous a confirmé que tout était fermé. « C’est comme ça les dimanches » a-t-elle ajouté sans que l’ombre d’un soupçon de doute sur l’existence d’une autre réalité ne l’effleure. « Mais, vous êtes ouverts, vous » a-t-on forcément répondu. « De manière exceptionnelle, » a-t-elle gentiment conclu. Chérie, le magasin est plein à craquer, ça doit être un signe de rentabilité, non?
Euh, il y a plus grave dans la vie. D’accord!
***
Toutefois, la réflexion est intéressante. Pourquoi cette fermeture le dimanche? Pour que les employés se reposent ? Mais dans les corps de métiers permanents – le personnel des hôpitaux, les pompiers, les policiers – plusieurs travaillent le dimanche; ils sont en service réduit, moins nombreux (on sait tous qu’il vaut mieux ne pas tomber malade ce jour-là!) certes, mais une présence est assurée. J’en déduis que les patrons ne veulent pas embaucher un jour de plus… Ils n’ont probablement pas le droit actuellement. Ils peuvent bien invoquer que pour ouvrir il faut payer des employés, que ça leur coûte cher et qu’ils ne sont pas sûrs de rentabiliser.
M’enfin, si en Amérique du nord, royaume absolu de la consommation, TOUT est ouvert le dimanche, c’est qu’il doit bien y avoir une raison sonnante et trébuchante. Au pays du profit, si ouvrir rapportait moins que fermer, la solution serait vite choisie.
En cette période de crise et de chômage, ce serait peut-être une avenue à explorer.
Le travail du dimanche est une opportunité d’emploi pour les étudiants, entre autres; pour tous ceux qui, tristement, n’ont pas assez d’un seul salaire pour boucler leur budget. Comment se fait-il qu’il existe tant de métiers saisonniers – en agriculture (vendangeur), en tourisme, en activités de loisir (moniteur) – mais que les entreprises commerciales aux rythmes saisonniers ne suivent pas la même dynamique ?
L’ouverture des magasins le dimanche est aussi une source de consommation. On peut largement contester les excès en la matière, toutefois, c’est un fait, en Occident, nous consommons. Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui le dimanche? Du sport le matin (pour ceux concernés), un repas parfois familial, de la glandouille surtout pour se reposer de la semaine et du samedi soir (pour ceux qui se sont couchés à l’aube en même temps que leurs enfants se réveillaient), la sieste (pour ceux qui aiment, j’en suis), les restes de tâches domestiques inachevées la veille. À moins d’avoir une maison de campagne et de profiter du plein air. Pour toutes les familles qui cavalent du lundi matin au vendredi soir, le dimanche peut aussi être une occasion d’aller faire les achats impossibles à faire la semaine… dont l’épicerie. Et savez-vous, pour de nombreuses familles – oui c’est pathétique, mais c’est comme ça – faire des courses le dimanche est une activité à partager tous ensemble.
***
Vraiment, que ceux qui ont des pistes de réponses et des commentaires me les soumettent. Ça me fera toujours plaisir de vous lire.