LA question que les élèves français se posent après un test, une évaluation, un examen : t’as eu combien ? La note est tellement importante. Et dans ce système scolaire, tellement sclérosé dans des modèles qui n’évoluent pas, elle l’est. Déterminante de la « valeur » de l’enfant à l’école, en famille, auprès des potes. La note ne représente en rien le travail effectué, la progression, les efforts. La note sanctionne… bêtement.

Parce qu’il est différent, et que ses apprentissages se font en parallèle de ceux des autres, mon fils n’est pas noté. Les instituteurs/trices adaptent son bulletin.

Ma fille est une élève standard, donc…

Elle a eu 1 point de moins, en… art plastique, parce qu’elle avait oublié d’écrire son nom sur sa copie. D’ailleurs, cette prof est formidable : sa capacité à dégoûter les jeunes de s’ouvrir à l’art, de l’apprécier, et de croire en leur créativité, est exceptionnelle. Le cours est détesté, même par des enfants aux compétences reconnues.

Idem en musique. Oui, en 2013, la première chanson étudié chez ces élèves de 11-12 ans (1ère secondaire) s’intitulait B.A.N.J.O, le petit banjo. Ils ont tous de Ipod, se branchent sur YouTube dès qu’ils peuvent, regardent The Voice, mais le cours de musique à l’école n’a pas changé les deux dernières générations.

Le meilleur ? Les lignes de copie. Ma fille bavarde, se fait prendre, tant pis, elle est punie. Rien à dire, c’est normal. Au lieu de lui demander d’aller expliquer un problème, au tableau, devant ses camarades; ou de lui donner des exercices en plus, enfin des vrais trucs -constructifs de surcroit – qui empêchent de recommencer les mêmes bêtises trop vite, le prof de maths lui a fait écrire 30 lignes… Je ne bavarderai plus en classe.

Et pendant ce temps, les profs du primaire descendent dans la rue pour refuser la semaine de 4,5 jours, alors que l’année scolaire ne compte que 144 jours de classe.

L’école française a un sérieux retard pédagogique; Les enseignants savent à peine ce que représente ce mot, d’ailleurs, vu qu’ils ne suivent pas de cours à ce sujet. L’école française a un retard académique, comme le prouvent les piètres résultats des comparatifs de l’OCDE. Quel dommage. De bons profs, il y en a. De bons élèves, au départ, il y en a plein aussi. Avec les années, les mauvais profs gangrènent les élèves plus fragiles, plus sensibles, ceux qui ne rentrent pas dans le moule.

En France, on fait comme on a toujours fait. Si on sort du modèle stéréotypé -et de plus en plus élitiste – du gamin bon en maths et en français, qui ânonne ses leçons, qui apprend par coeur, qui se bourre le crâne surtout sans réfléchir, tant pis… on accumule les mauvaises notes, on est dévalorisé devant les élèves, les profs des années suivantes, la famille, les copains. Une fois l’estime de soi bien à terre, et le mépris affiché de l’entourage, c’est fini. Le gamin décrochera dès qu’il le pourra.